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Michel Veunac assume les avances faites pour l’Hôtel du Palais

Le président de la Socomix et maire de Biarritz défend sa décision d’avoir engagé 1,2 million d’euros avant le vote du montage juridique et financier par la société gestionnaire et le conseil municipal. Cette somme était destinée à la préparation des travaux du palace biarrot.

Le 26 octobre, Michel Veunac s'est réjouit du soutien majoritaire des 116 actionnaires au montage de l'Hôtel du Palais. © Isabelle MIQUELESTORENA
Le 26 octobre, Michel Veunac s'est réjouit du soutien majoritaire des 116 actionnaires au montage de l'Hôtel du Palais. © Isabelle MIQUELESTORENA

Michel Veunac a-t-il pris trop de risques ? Plusieurs élus s’interrogent sur la régularité des décisions prises par la Socomix, société d’exploitation de l’Hôtel du Palais, avant les votes décisifs du 8 et 15 octobre dernier. Son président et maire de Biarritz, s’est engagé sur des avances, à hauteur de 1,2 million d’euro, pour la préparation des travaux de rénovation.

En plus des 656 000 euros destinés à la préparation de l’installation du chantier par le groupe Eiffage, la Socomix a commandé du bois pour les huisseries. Ces sommes ne s’ajoutent pas au coût total des travaux (65 millions d’euros), mais sont un acompte avant la signature des marchés survenue le 25 octobre. Un acompte à régler même si les banques ou les conseillers municipaux n'avaient pas validé le nouveau montage juridique et financier de l’Hôtel du Palais.

Le président de la Socomix assume ces ordres de service et assure que les administrateurs de cette société d’économie mixte (sem) étaient au courant. "J’ai mandat pour exécuter les travaux. Dans les 26 réunions qu’il y a eu, le conseil d’administration suit au millimètre près l’évolution du projet. Ses membres savaient que pour que les travaux commencent vraiment le 18 octobre, et en réalité ça a démarré le 25, il fallait procéder techniquement à des préparations dont j’avais la responsabilité d’engager", explique Michel Veunac.

L’élue démissionnaire et ancienne administratrice de la Socomix, Virginie Lannevère, a fait ses calculs et a envoyé le tout au préfet des Pyrénées-Atlantiques et à la Cour des comptes. Cette dernière s’est déjà penchée sur le problème d’opacité des sociétés d'économie mixte (sem). D’après Virginie Lannevère, ce sont 2,6 millions d’euros qui ont été engagés par le président de la Socomix. Michel Veunac explique cette somme : "depuis le début, nous travaillons avec un certain nombre de prestataires de service, de maîtres d’œuvres, qui nous aident. Il faut bien les payer".

La somme engagée

Son ancienne collègue de la majorité regrette que ces dépenses n’aient pas été présentées et validées par le conseil d’administration de la sem. Un autre administrateur a découvert ces avances par voie de presse, il y a quelques jours. Pour sa part, l'élu d'opposition et ancien administrateur François Amigorena se demande si Michel Veunac avait reçu un mandat assez large des administrateurs pour prendre tous ces engagements. Seuls les procès verbaux des conseils d’administration pourraient apporter des réponses à ces questions, mais la demande de consultation de ces documents par MEDIABASK est restée sans suite.

Au-delà du manque de communication, c’est la somme engagée qui poserait problème. "Ce qu’ils ont fait est illégal, ils ont pris le risque de mettre la Socomix en faillite" alerte une source de la Socomix. D’après elle, si les banques ou le conseil municipal n’avaient pas validé le montage financier et juridique, la Socomix n’aurait pas été en capacité de payer ses dettes. Cette même source regrette également que les responsables de la Socomix aient pris la décision d’arrêter la commercialisation des chambres en janvier sans avoir scellé l’accord avec Hyatt. Défenseur actif du montage juridique et financier de l’Hôtel du Palais, l’élu d’opposition et avocat Jean-Benoît Saint-Cricq n’a pas donné suite aux multiples demandes d’éclairage que nous avons faites.

"Je prends des responsabilités"

Le maire de Biarritz reste convaincu du choix qu’il a fait en tant qu’exécuteur des travaux. "On peut me dire, 'vous avez pris un risque au cas où les choses n’avaient pas été signées…' Moi, je suis dans des délais contraints. Je suis dans une société privée, la Socomix est une société d’économie mixte. Je prends des responsabilités de chef d’entreprise", défend-il. Il préfère voir la vérité des faits : les banques ont accepté de prêter de l’argent, le conseil municipal a validé le montage et, le 25 octobre, la grande majorité des 116 actionnaires a validé les 30 délibérations soumises au vote.

A seize mois des élections municipales, Michel Veunac met en garde sur les intérêts des uns et des autres. "Il faut distinguer l’agitation politicienne de quelques uns qui ont les yeux rivés sur 2020", fait-il remarquer. Cela crée des tensions au sein de l’exécutif, avec des adjoints critiques envers les méthodes du maire et de son premier adjoint, mais le remaniement n’est pas à l’ordre du jour, pour l’instant.