Béatrice MOLLE-HARAN

Quand Fred flirte avec le dauphin

L’Hendayais Fred Berho, plongeur professionnel et réalisateur de documentaires, est actuellement au Maroc pour réaliser un documentaire sur les méfaits du grand dauphin mettant en péril la pêche à la sardine.

Caméra au poing, Fred Berho en plein travail dans la grande bleue. © DR
Caméra au poing, Fred Berho en plein travail dans la grande bleue. © DR

Fred Berho, hendayais de 44 ans, est connu pour avoir remporté de nombreuses récompenses pour des films de surf qui l’ont mené à travers le monde. Ainsi va sa vie, bercé par la houle, avec rigueur, car le métier qu’il pratique demande une forme physique sans faille, et un sens artistique pour la réalisation de documentaires qu’il livre clé en mains. En escale dans sa ville natale, Fred prépare un documentaire sur une mission scientifique réalisée pour le ministère de l’Agriculture et de la Pêche du Maroc et l’INRH (Institut national de recherche Halieutique). “Je filme les missions scientifiques de l’INRH et notamment les attaques d’un grand dauphin qui détruit les filets des senneurs (bateaux destinés à la pêche à la sardine).

En 2017, une opération de pêche sur quatre a subi les attaques du grand dauphin qui déchire les filets. Al Hoceima, M’diq et d’autres villes sur la rive méditerranéenne vivent en grande partie de la pêche. Le grand dauphin provoque des dégâts, et les impacts ne sont plus supportables. Toute une activité est en danger, si une solution n’est pas trouvée rapidement pour rétablir l’harmonie entre les activités de l’Homme et la durabilité des écosystèmes marins”, explique Fred. Il plonge en combinaison et bouteille avec un autre plongeur par mesure de sécurité, et s’est retrouvé à quelques mètres du grand dauphin qui est parti. “Il s’est habitué aux pulsations cardiaques et aux moteurs”, explique Fred ajoutant qu’un prototype de senne renforcée spécialement, conçue et adaptée pour résister aux attaques du grand dauphin est arrivée sur les ports marocains. Les premiers tests sont concluants et les déchirures moins grandes et moins fréquentes.

Voix off de Marie Marty

Pour l’heure, Fred monte son documentaire avec la voix off de sa belle-sœur Marie Marty, comédienne au Théâtre des Chimères. Un documentaire de six minutes, dans un premier temps diffusé sur Internet. Un autre versant du parcours de Fred travaillant avec les frères Sahyoun passionnés de pêche au marlin et de surf extrême. Cette dernière mission l’emballe car nécessitant une collaboration avec les biologistes et les océanographes. Et toujours le contact direct avec la nature, véritable moteur de Fred. “J’ai commencé le surf à 12 ans grâce à Jon Alleaume qui m’a donné une planche. J’allais surfer en maillot”, raconte Fred qui a eu son passage punk.

Les Hendayais se rappellent de sa crête dont la couleur variait selon les saisons : “A 16 ans, j’étais menuisier et parfois quand je débarquais chez des amatxi, il y avait juste quelques minutes d’étonnement, mais tout se passait bien, car j’étais un punk gentil et très poli !” Peu à peu, les rencontres, et toujours la mer chevillée au corps ont fait que le parcours de Fred a bifurqué pour le meilleur. Et celui qui a eu entre autres distinctions le prix du public à Filmar et celui de la meilleure image dans d’autres festivals est “un autoditacte total”, comme il se définit. Réalisant interviews, montage et mise en scène. “Je fais cela depuis 20 ans, c’est aussi un métier artistique.”

Ultime élégance, celui qui pratique l’art de la boxe pour s’entretenir ne parlera pas des nécessaires efforts qu’il lui aura fallu consentir pour mener un tel parcours.