Pako ARIZMENDI

Macron se trompe d’allié en Espagne

Pako Arizmendi. © DR
Pako Arizmendi. © DR

Le parti d’Emmanuel Macron a une vision archaïque des réalités politiques européennes. En Espagne, LREM est même d’une naïveté dangereuse quand il soutient Ciudadanos (C’s) car ce parti cherche à détruire les pouvoirs autonomiques en s’attaquant aux valeurs fondamentales de l’Europe.

Pour EAJ-PNB, parti démocrate européen, les alliances de LREM ne doivent pas se faire au nom d’une fidélité aveugle. Supporteurs de la première heure, Ciudadanos soutient le mouvement En Marche depuis la présidentielle de 2017. Depuis, les relations se sont encore renforcées. En juin dernier, Christophe Castaner, alors délégué général du parti, et José Manuel Villegas, secrétaire général de Ciudadanos, ont présenté une conférence de presse commune à Madrid en vue des européennes. Pour LREM, c’est peut-être une manière de les remercier mais c’est un blanc-seing dangereux pour les libertés des citoyens européens en Espagne.

Ciudadanos est fasciné par le fait que LREM a déconstruit le bipartisme traditionnel en France. En décrédibilisant les appareils partisans de droite et de gauche, il est devenu un modèle à suivre. Depuis, C’s cherche à faire de même, en renouvelant l’offre contre le PP, à droite, et le PSOE, à gauche, tous deux en perte de vitesse. Mais ce qui semble comparable ne l’est pas vraiment. C’s, sur beaucoup d’aspects, est un parti en contradiction avec l’essence même du projet européen. En recentrant le pouvoir exclusivement au niveau de l’Etat, sans respecter l’exercice des pouvoirs locaux démocratiquement élus, le fondement de l’esprit européen est gravement menacé.

C’s veut en finir avec le modèle autonomique !

LREM a tendu la main à C’s car elle le considère comme un parti progressiste. C’s et LREM se retrouvent sur les grands enjeux économiques, sociaux ou encore sur les questions d’immigration… Or, sur le plan institutionnel, LREM et C’s ne défendent pas une même Europe, démocratique et citoyenne. C’s veut un pouvoir centraliste et ultralibéral, sans se préoccuper de la diversité qui nous unit en Europe.

Rappelons que Ciudadanos est né du rejet du catalanisme lors de la crise catalane. Parti défenseur de l’hispanité, Albert Rivera, son leader, a encouragé l’application de l’article 155 de la Constitution, c’est-à-dire la reprise en main de la Catalogne par Madrid. Aujourd’hui, il compte recentraliser, en réduisant la répartition des compétences des autonomies, où l’Etat central concentrerait le pouvoir législatif et exécutif. En gros, C’s veut revenir à une Espagne “une et indivisible” comme du temps de Franco !

Le projet européen, ce doit être le respect des différences pour répondre aux besoins des territoires et de leurs citoyens. EAJ-PNB ne demande pas à Monsieur Macron et à LREM de se mêler des affaires des autres pays. EAJ-PNB lui demande simplement de défendre les valeurs du respect de la diversité, fondement essentiel de l’idéal européen, en choisissant mieux ses partenaires.