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ETA assume 2 606 actions et 774 morts

Dans le dernier exemplaire de son bulletin “Zutabe”, ETA a chiffré près de 50 ans d'actions armées. L’organisation indépendantiste basque reconnaît avoir provoqué 774 victimes mortelles, quelques dizaines de moins que celles qui lui sont attribuées par le gouvernement espagnol.

La journée du 4 mai 2018 à Arnaga a marqué la dissolution officielle d’ETA. © Bob EDME
La journée du 4 mai 2018 à Arnaga a marqué la dissolution officielle d’ETA. © Bob EDME

Le dernier exemplaire du bulletin “Zutabe” est daté du mois précédent sa dissolution, en avril 2018. "Le 9 août 2009 à 18 heures, ETA a fait exploser son dernier artifice explosif dans les galeries de la Plaza Mayor de Majorque" signale l’écrit. Il s'agit de la dernière action planifiée d’ETA, car plus tard, c'est une "rencontre non planifiée" qui aura pour conséquence la mort du gendarme Jean-Serge Nérin.

Le texte, version abrégée d'un rapport plus vaste, apporte des renseignements importants sur le conflit au Pays Basque. ETA assume avoir provoqué 774 victimes mortelles (et non 758 comme annoncé dans un premier temps dans l'article d'origine), quelques dizaines de moins que les victimes attribuées par le ministère de l'Intérieur espagnol ou la Fondation des Victimes du Terrorisme, qui parlent respectivement de 853 et 829 victimes. Ces différences de chiffres s'expliquent par l'attribution à ETA de faux attentats comme l'incendie de l'Hôtel Corona de Aragon (83 morts en 1979) ou l'attribution d'actions dont on ne connaît pas les auteurs. La plus célèbre étant la mort de l'enfant Begoña Urroz en 1961.

ETA certifie avoir réalisé 2 606 actions armées. L'écrit reconnaît deux actions non assumées jusqu'à maintenant : la mort de trois personnes à Tolosa (Gipuzkoa) en 1981 en les prenant pour des policiers et l'explosion dans une cafétéria de la rue Correo de Madrid en 1974 qui a fait treize morts. "Seuls deux des treize victimes avaient un rapport avec la Direction Générale de Sécurité (DGS) toute proche", précise le document.

Ainsi, ETA déclare avoir commis 365 attentats contre la Guardia Civil tuant 186 agents, 215 actions contre les forces de police espagnole avec 139 victimes mortelles, ainsi que 147 actions contre l'Armée espagnole tuant 101 militaires et onze fonctionnaires civils des Armées. En plus des chiffres, le récit chronologique apporte quelques précisions sur certains aspects comme le choix des objectifs et des méthodes.

Le mal causé

Le parcours armé d'ETA est principalement décrit sous une perspective opérative. Cependant, le "Zutabe" reproduit également la déclaration du 8 avril 2018 dans laquelle ETA reconnaît le mal causé. Entre autres, cette déclaration indiquait qu'"ETA reconnaît sa responsabilité directe dans cette douleur et veut manifester que tout cela n'aurait jamais dû se produire ou du moins que cela n'aurait pas dû tellement se prolonger dans le temps. En effet, ce conflit politique et historique aurait dû compter depuis longtemps avec une solution démocratique juste".

En plus de détailler l'évolution de sa lutte armée au cours de cinq décennies, ETA justifie son débat final dans le fait que la lutte armée "n'avait plus la capacité de provoquer de nouveaux scénarios politiques dans la voie de l'autodétermination". Ce "Zutabe" final inclut également le document de conclusions issu du débat interne qu'a mené ETA pour aboutir à la dissolution.