Ainhoa Aizpuru

Les forêts de pins du Pays Basque Sud en danger

Le secteur forestier est en grande difficulté au Gipuzkoa et en Bizkaia à cause de la prolifération d’une maladie infectieuse, la bande marron, qui attaque les pins. Une année chaude et humide a favorisé l’étendue de cette maladie qui détruit les forêts, majoritairement composées de pins, qui parsèment ces deux territoires.

La "bande marron" est facilement repérable en passant au sud de la Bidassoa. ©KIKO
La "bande marron" est facilement repérable en passant au sud de la Bidassoa. ©KIKO

La Communauté autonome basque pourrait-elle cesser d’être verte pour passer au marron ? Ce qui ne semble qu’une boutade est en passe de devenir une triste réalité. Il s’agit de "Mycosphaerella dearnessii" et "Mycosphaerella pini", deux champignons qui dessèchent les aiguilles des pins les rendant marrons ou rougeâtres, d’où le nom de la maladie, la bande marron. Privé de ses aiguilles, l’arbre se dessèche, ne grandit plus et finit par mourir.

Cet été, l’alerte a été donnée par les gardes forestiers de la députation du Gipuzkoa : trois pins sur quatre seraient malades dans la commune de Donostia. Au niveau de la Communauté autonome, c’est un arbre sur trois qui est touché. Bien que la maladie soit présente au sud de la Bidassoa depuis plusieurs décennies, elle s'est généralisée cette année à cause des températures élevées et des pluies persistantes.

L’importance économique et écologique de cette maladie n’est pas négligeable. Gipuzkoa et Bizkaia figurent parmi les territoires les plus boisés de l’Union européenne, avec plus de 50% du territoire occupé par des forêts. Environ la moitié est formée par des forêts privées, qui sont presque exclusivement composées de pins de Monterrey. Ce pin originaire de Californie, à la croissance fulgurante, est planté depuis les années 1960 afin de nourrir l'industrie basque du bois et du papier. Les institutions de la rive sud de la Bidassoa subventionnent généreusement les plantations de ces résineux. Les pins ont ainsi remplacé les espèces autochtones de feuillus, changeant la physionomie des montagnes et leur donnant ainsi la coloration vert foncé qui en est devenue caractéristique.

C’est donc une grande partie des forêts qui est concernée. Les institutions compétentes, les députations de Gipuzkoa et de Bizkaia, ont essayé plusieurs traitements phytosanitaires qui n’ont pas donné de résultat pour l’instant. Devant ce manque de résultats, la coupe des arbres malades est envisagée, avec des résultats désastreux sur les prix du bois.

Changer la politique forestière

Certaines voix prônent le remplacement des pins par d’autres espèces à croissance rapide comme l’eucalyptus, déjà omniprésent dans les Asturies et en Galice, ou le sapin Douglas. En plus des terribles risques liés aux incendies, ces espèces à croissance rapide épuisent rapidement les sols et réduisent fortement la biodiversité. C’est pour cela que d’autres voix proposent de changer la politique forestière, en introduisant des espèces natives à croissance plus lente comme le châtaignier, le cerisier, le chêne ou le hêtre. Leur rendement économique est certainement plus lent, mais le moyen terme semble quelque chose d’inhérent à la gestion forestière.

Au-delà du fait même de l’impact de la maladie, c’est le modèle forestier des députations et du gouvernement autonome qui est remis en question. Basé sur la monoculture d’espèces exotiques, il ne semble pas apte à répondre aux problèmes croissants liés au changement climatique. Bien que le nombre de plantations de pins soit réduit au Pays Basque Nord, ce fléau pose bien des questions autour des grandes forêts composées de peu d’espèces, comme c’est le cas dans le département voisin des Landes par exemple.