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L’ancien site Plastitube suscite les convoitises

Attribués à la société Vins Duprat et Frères par le tribunal de Clermont-Ferrand, la Communauté d’agglomération Pays Basque a des vues sur le terrain et les bâtiments de l’ancienne usine CEP Plastitube.

L'agglomération a dans un premier temps proposé l'achat d'une parcelle de 5 100 mètres carrés dans laquelle se trouvent l'entrée et le parking.
L'agglomération a dans un premier temps proposé l'achat d'une parcelle de 5 100 mètres carrés dans laquelle se trouvent l'entrée et le parking.

Les mauvaises herbes poussent sur le goudron. Cela fait plus d’un an que l’ancien site de Plastitube, plus récemment CEP Plastitube, est vide. La Communauté d’agglomération Pays Basque serait intéressée par ce terrain de 2 hectares en pleine zone artisanale Saint-Frédéric de Bayonne. Seulement voilà, la société Vins Duprat et Frères l’est également. Pour l’instant, c’est elle qui a les clés de l’usine.

L’autorisation d’occupation pour ses locaux actuels du quai de Lesseps a été résiliée et l’entreprise est sous le coup d’une décision d’expulsion depuis deux ans. A la recherche d’une nouvelle usine, elle a fait une offre pour acquérir le foncier et les bâtiments de Plastitube. Le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand les lui a attribués le 27 juin dernier. Son offre (3,2 millions d’euros) apparaissait aux yeux des juges "comme une des mieux disant outre le fait que celle-ci ait fait l’objet d’une expropriation et qu’en conséquence sa pérennité est en péril".

Egalement dans la course, l’agglomération a fait une proposition de 2 000 000 euros. Après des discussions avortées sur un éventuel partage du foncier avec la société Duprat et Frères, aujourd’hui, elle envisage de faire usage de son droit de préemption sur la totalité du site. Pour cela, le Conseil permanent de la CAPB devra en être saisi. En principe, le délai pour préempter arrive à son terme le 3 octobre, mais l’agglo pourrait le prolonger pour des raisons administratives.

Cinquante emplois

Le prix qu’elle aurait proposé pour le rachat d’une parcelle de 5 100 mètres carrés n’a pas convaincu les responsables de l’usine d’embouteillage. "77 euros le mètre carré est largement inférieur au prix d’achat, soit 160 euros le mètre carré", écrit Sébastien Duprat dans un courrier envoyé aux élus du conseil permanent de l’agglomération, daté du 12 septembre. De plus, la société de spiritueux devrait refaire l’entrée, le parking et l’accès aux quais. Des travaux qui s’élèveraient à près de 250 000 euros. "Nous avons l’impression qu’il s’agit, depuis le départ, d’une manœuvre pour nous pousser à refuser et légitimer auprès de vous le vote de cette préemption", s’indigne le chef d’entreprise dans le courrier.

Son entreprise emploie 40 personnes sur le site de Bayonne et 40 autres sur le site de Biarritz pour le compte de la société PGLS Boissons. Les bâtiments de Saint-Frédéric en accueilleraient 50. Les autres options qui se sont présentées ne convenaient semble-t-il pas aux besoins de la société. Sébastien Duprat a songé à se délocaliser dans les Landes ou dans l’Etat espagnol, mais il ne le peut pas, ses employés sont "d’ici". Il se dit prêt à attaquer en justice la délibération portant sur la préemption.

Le président de la Communauté d’agglomération Jean-René Etchegaray ne souhaite pas faire de commentaire sur les négociations. En revanche, il défend que cette acquisition serait d’intérêt général : "Eu égard au fait que ce terrain fait plus de 2 hectares, nous sommes extrêmement intéressés par sa position stratégique, parce que nous avons des entreprises locales, pourvoyeuses d’emplois qui veulent s’installer à Bayonne". Il ne souhaite pas dévoiler le nom ou la nature de l’activité des entreprises susceptibles de s’y installer.