Goizeder TABERNA

Le procès de l’abbé Sarramagnan s’ouvre à Bayonne

L'affaire de pédophilie sera jugée ce mardi 11 septembre au tribunal correctionnel de Bayonne. Jean-François Sarramagnan était prêtre coopérateur à la paroisse Saint-Pierre de Nive-Adour et adjoint à la direction diocésaine de l'enseignement catholique lorsque son responsable hiérarchique l'a suspendu de ses fonctions.

Jean-François Sarramagnan a été suspendu de ses fonctions par l'évêque de Bayonne Lescar dès lors que ce dernier a su que l'affaire était prise en main par le parquet de Bayonne. © Isabelle MIQUELESTORENA
Jean-François Sarramagnan a été suspendu de ses fonctions par l'évêque de Bayonne Lescar dès lors que ce dernier a su que l'affaire était prise en main par le parquet de Bayonne. © Isabelle MIQUELESTORENA

L'affaire a été révélée au grand jour en 2016, mais les faits datent de 1990. Le procès de Jean-François Sarramagnan, prêtre du diocèse de Bayonne, a lieu ce mardi 11 septembre au tribunal correctionnel de cette même ville. Accusé "d'attentat à la pudeur par ascendant sur mineur de 15 ans", l’abbé avait reconnu sa faute très vite après les faits, tant auprès des parents de la victime, un neveu, qu’auprès de sa hiérarchie.

Il est placé sous contrôle judiciaire depuis 2016, date à laquelle l'évêque de Bayonne Lescar l'a suspendu de ses fonctions de prêtre coopérateur à la paroisse Saint-Pierre de Nive-Adour et adjoint à la direction diocésaine de l’enseignement catholique depuis 2009. Contacté par téléphone par le quotidien Berria, il a affirmé qu'il ne demandera pas le report de l'audience, prévue dans l'après-midi. Il se trouve actuellement à l'abbaye de Tournay et encourt une peine de 5 à 10 ans de prison, d'après l'ancien code pénal en vigueur à l'époque des faits.

Informés des faits et ayant fait le choix du silence, les évêques Pierre Molères et Marc Aillet ne devront pas comparaître devant le tribunal. L'évêque actuel a expliqué ne pas avoir voulu faire de signalement dès qu'il en a été mis au courant car la victime, âgée de 12 ans à l'époque des faits, et son entourage, ne souhaitaient pas porter plainte. La mère de la victime l'a finalement fait en septembre 2015 et le représentant de l'Eglise a finalement adressé un courrier au procureur de la République en avril 2016.

Dans son signalement, la mère fait état de "gestes" sans les qualifier. Ils auraient eu lieu à Hasparren et lors d'un voyage en Pologne, d'après ses déclarations. Le prêtre a essayé de se donner la mort à deux reprises et a bénéficié d'un suivi psychologique. Dans une autre affaire d'agression sexuelle datant de 2007, il a été mis hors de cause.

Contexte mondial

Le procès de ce mardi se déroule dans un contexte mondial marqué par le refus des agressions sexuelles et une vague de dénonciations au sein de la communauté catholique. Chili, Etats-Unis, Australie, ces derniers mois les affaires longtemps étouffées par l'institution font surface. Dans l'Etat français, des voix se sont levées contre le maintien du cardinal Barbarin à son poste, alors qu'il aurait couvert des prêtres accusés d'agressions pédophiles.

Le pape François a publié un texte le 20 août reconnaissant avec force les manquements de l’Eglise face à la crise des abus sexuels. Intitulé "Lettre au peuple de Dieu", il appelle à une réponse "globale et communautaire". Depuis 2003, l'Eglise recommande aux ministres ordonnés (diacre, prêtre, évêque), soit d'obtenir du prêtre concerné qu'il se dénonce, soit le signalement de tels faits à la justice. Certains réflexes sont difficiles à réformer.