Ester GRAN

Des déchets sous haute surveillance

Les déchetteries subissent vols et dégradations. Pour les prévenir, elles seront surveillées à la loupe d’ici fin 2019.

Conformément à la loi, une mention informe que le site est sous surveillance. © E.G
Conformément à la loi, une mention informe que le site est sous surveillance. © E.G

Contrairement aux idées reçues, une déchetterie peut attiser les convoitises et certains déchets valoir leur pesant d’euros. Car derrière les batteries, frigos cassés, télévisions éclatées, ferraille de lit, et autres objets de consommation mis au rebut par leurs propriétaires, se cachent du fer, de l’aluminium, du platine, du plomb, du zinc ou du cuivre. Autant de métaux que les déchetteries peuvent revendre à des fins de recyclage. Et les prix vont de 100 euros à 4 000 euros la tonne pour les matériaux les plus précieux.

“Certaines personnes entrent dans nos déchetteries pour les récupérer, en dehors ou pendant les heures d’ouverture”, pointe justement du doigt Dominique Carrère qui cumule deux casquettes : directeur général adjoint prévention, collecte et valorisation des déchets au sein de la Communauté d’Aglomération Pays Basque (CAPB) et directeur général des services au sein du syndicat Bil ta Garbi. Un Syndicat mixte pour le traitement des déchets ménagers et assimilés qui récupère aujourd’hui 2 800 tonnes de ferraille et 2 500 tonnes de déchets électriques et électroniques. Ces déchets qu’il revend lui rapporte environ 170 000 euros.

Et Dominique Carrère de poursuivre : “Pendant les heures d’ouverture, certains en viennent à menacer verbalement ou physiquement nos agents. En dehors de ces heures, les déchetteries subissent des dégradations qui nous engagent à des frais de réparation et une perte de recettes ; les rares métaux que nous vendons volés.” Ces trois dernières années, Bil ta Garbi a déposé une centaine de plainte dont 10 % pour menaces et 90 % pour vols et dégradations.

Jusqu’à présent, les déchetteries du Pays Basque étaient en mode “protection passive”. A la clef, dispositif de compactage des ferrailles et objets encombrants, barreaux aux fenêtres des locaux de gardiennage, augmentation du nombre d’agents afin de travailler en binôme, plaintes systématiques contre les auteurs des infractions arrêtés... Mais cet été, la CAPB a décidé de passer à la vitesse supérieure et d’aller au delà de la simple vidéo-protection dont certains lieux sont déjà pourvus. Elle déploiera un système de vidéo-protection et de télésurveillance sur toutes ses déchetteries. Un système deux en un qui existe déjà sur Saint-Jean-le-Vieux, Villefranque et Lahonce. Il a fait ses preuves, explique Dominique Carrère.

“Le système de vidéo-protection sera couplé à un système de détection de présence”, poursuit le DGS de Bil ta Garbi. Deux systèmes qui seront reliés à une société de télésurveillance extérieure. Celle-ci sera mandatée par la CAPB pour surveiller à distance tous les sites. En cas de détection de mouvement, le système de vidéo-protection enregistrera automatiquement les images des lieux. La société alertée s’assurera qu’une intrusion a bien eu lieu en visionnant les images de vidéo-protection. Ce que les experts appellent la levée de doute. Puis elle alertera les forces de sécurité.

Ce déploiement, validé à l’unanimité par le conseil permanent de la CAPB le 26 juin dernier, devrait être achevé d’ici la fin de l’année 2019. Un appel d’offres aura entre temps été lancé. Avec un cahier des charges qui intégrera les recommandations des référents en la matière de la police et de la gendarmerie, à savoir combien de caméras par site, quel type de caméra, leur emplacement…

“Nous avons présenté ce projet au CHSCT de l’agglomération (Le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui a émis un avis favorable, note Dominique Carrère. Nous attendons beaucoup de ce système pour la sécurité de nos 70 agents.” Le public pour sa part sera informé du dispositif par des pancartes affichés dans chaque site concerné. Si le dispositif joue pleinement son rôle, Bil ta Garbi devrait quant à lui récupérer son manque à gagner jusqu’à présent subtilisé par des mains extérieures.