Anaiz Aguirre Olhagaray

Il en passe tous les jours à Bayonne

Les migrants transitent quotidiennement par la gare routière de la place des Basques, à Bayonne. Les commerçants sont aux premières loges pour observer, jour après jour, la réalité de la situation.

Les migrants se retrouvent parfois à passer la nuit dehors, à Bayonne. © Isabelle MIQUELESTORENA
Les migrants se retrouvent parfois à passer la nuit dehors, à Bayonne. © Isabelle MIQUELESTORENA

Ils les voient arriver et repartir chaque jour par dizaines. Autour de la place des Basques, les commerçants partagent le même constat : les migrants, originaires d’Erythrée, du Sénégal ou de Côte d’Ivoire, arrivent du Pays Basque Sud et gagnent le territoire français via Bayonne.

C’est généralement au petit matin qu’ils arrivent, en provenance de Bilbo, Donostia ou Irun. Puis, une longue journée d’attente avant de remonter, souvent tard le soir, dans les bus de ligne direction Bordeaux ou Paris. Un temps dont ils profitent pour recharger leur portable à l’Office de tourisme tout proche.

Deux des commerçants affichent une certaine crispation à l’évocation du sujet, et l'un d'eux n’a pas souhaité s’étendre davantage. D’après le témoignage de Sébastien*, un restaurateur voisin, certains commerçants refuseraient de servir les migrants. Ils les auraient même dénoncés à la police. "Ce sont des racistes" s’indigne-t-il. Du coup, les migrants, il ne les voit plus beaucoup. "Dès qu’ils arrivent ici, ils se dispersent, ils se cachent par peur de se faire arrêter. Souvent, ils vont vers Saint-Esprit. Et puis ils reviennent, tard le soir".

Sébastien se souvient qu’une fois, des migrants sont restés cinq nuits place des Basques. Le passeur ne leur avait pas envoyé, comme prévu, les billets de bus. Cela arriverait de temps en temps. Dans ces cas, c'est lui qui communique directement avec les passeurs par téléphone, en espagnol, pour les sommer d'envoyer les billets.

La "filière" serait basée à Bilbo et organiserait moyennant une "fortune", affirme-t-il, le transfert des migrants vers l'Etat français. Les autorités sollicitées par MEDIABASK, notamment la préfecture, n'ont pas souhaité communiquer à ce sujet. Une salariée de l'Office de tourisme assure avoir régulièrement observé un "passeur" venant y "faire sa compta"... Le 4 août, la police espagnole a démantelé à Donostia un réseau de trafic de migrants.

*Le prénom a été changé.