R. Valdivielso, J.-L. Mendizabal, E. Alfaro

Dossier la Rhune / Larrun – Délibération n° 04-003

Photo d'une mobilisation au sommet de La Rhune contre le projet La Rhune 2020. © DR
Photo d'une mobilisation au sommet de La Rhune contre le projet La Rhune 2020. © DR

Madame, Monsieur le Conseiller Départemental,

En session plénière du 29 juin 2017, vous avez participé au vote pour le projet la Rhune 2020.

Nous souhaitons vous dire que suite à diverses rencontres avec les Conseillers départementaux, les collectifs citoyens et associations que nous représentons, s’inquiètent du fait que nombre d’élus leur indiquent que dans le cadre de ce vote ils n’ont pas eu connaissance de l’intégralité des aménagements projetés ou ne se sont pas prononcés pour l’ensemble de ceux-ci !

Il semble donc que ce projet avance avec une certaine opacité et la population que nous représentons le déplore.

Nous lisons dans un article du Sud-Ouest du 29 mai 2018, donnant la parole au CD64 que les associations délivreraient des informations mensongères ?

Les associations ne font que restituer le détail des aménagements à travers notamment le dossier élaboré par le Département intitulé “Rhune 2020 : le site touristique rénové et repensé” et remis à la presse le 6 juin 2017, plans à l’appui...

Ce document indique les “trois éléments constitutifs du projet” et leur coût approximatif à savoir :

– Au col de Saint Ignace, déviation envisagée de la route départementale avec un espace de déambulation piétonnier et sécurisé, un agrandissement de la gare avec hall d’accueil couvert et un bâtiment pouvant accueillir un restaurant ou un café, des boutiques, un arboretum et un parking de 110 places nécessitant l’abattage de nombreux arbres et le remblaiement d’un talweg profond...

– Une rénovation des équipements et des infrastructures ferroviaires ainsi que l’acquisition de deux locomotives hybrides pour permettre “un bond significatif dans la sécurité du massif”

– Au sommet : “magnifier le panorama” avec une passerelle belvédère “dans le vide”, “effacer les escaliers” avec la création d’un sentier pour une déambulation douce, “améliorer le confort (nouvelle gare et WC publics)”, “valoriser le milieu : scénographie, parcours pédagogiques, contenus numériques”. Des gradins sont prévus en deux endroits distincts, un toboggan, des modules d’escalade, trois wagons-couchettes...

Aujourd’hui le Conseil départemental ne communique que par voie de presse (voir à nouveau Sud-Ouest du 29/05/2018).

On apprend ainsi que “la passerelle panoramique ne serait plus tout à fait dans les cartons et n’aura sans doute pas les dimensions voire la forme du dessin initial”. Les aménagements type toboggan, escalade, gradins seraient “pure invention” et n’ont “jamais été prévus ni annoncés”. Les wagons-couchettes “auraient été imaginés par un graphiste trop rêveur”. Pourtant tous ces aménagements figurent dans le dossier présenté par le Président à la presse (page 12).

L’acquisition de deux locomotives hybrides n’a pas vocation à “accroître mais à fluidifier l’offre”, elles permettraient “d’intégrer les obligations d’évacuation en cas de pannes électriques”.

Depuis la présentation du projet la donne aurait évoluée : “la mise en place de trains supplémentaires n’est plus envisagée pour des raisons techniques” ?

L’objectif de cet article est clair : discréditer les opposants aux yeux de l’opinion publique en accréditant le fait que le département délivrerait des “infos” et les associations des “intox”.

La concertation selon le Conseil Départemental

En juillet 2017, Monsieur Jean-Jacques Lasserre déclarait à la presse, “la voie de la concertation est ouverte” et un “comité de concertation environnemental avec l’Etat sur la Rhune est à l’étude pour mener un travail de réflexion et de concertation afin de ne pas dénaturer le site”.

Depuis, le Président du CD 64 ne donne pas suite à nos demandes de rencontres refusant de recevoir les associations représentatives. Aucune réunion publique n’a eu lieu pour exposer en détail le projet et le livrer à un vrai débat avec la population du Pays Basque.

Celle-ci a clairement exprimé son hostilité à travers diverses mobilisations et une pétition qui rassemble à ce jour plus de 11 000 signatures.

Un mandat d’élu n’autorise pas d’engager un aménagement d’une telle ampleur sans consultations. C’est notre conception de la concertation que ne semble pas partager le Conseil départemental

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Les raisons de notre opposition

La Rhune zone Natura 2000, est un Site Classé, label obtenu à la demande des habitants, avec le concours de nombreux partenaires et de collectivités.

Nous souhaitons que cette protection soit respectée, qu’elle perdure pour toutes les espèces animales ou végétales qui l’habitent et pour les vestiges patrimoniaux et archéologiques présents. Nous demandons que La Rhune reste un site le plus naturel possible, que des aménagements nécessaires soient réalisés à minima et qu’un équilibre des fréquentations soit recherché et maintenu. Elle doit rester un lieu de pastoralisme. L’agriculture, la sylviculture et l’élevage de montagne ne doivent pas seulement être un alibi pour le développement du tourisme, mais nécessitent un véritable encouragement pour leur maintien.

Le massif porteur de l’identité et de l’histoire de notre Pays Basque n’est pas “un produit à vendre par des spécialistes”. 

Nous pensons que les touristes également recherchent, le vrai, le naturel et nous savons bien que derrière “la valorisation du site, l’amélioration de la sécurité et l’accueil des personnes à mobilité réduite” se cache une vaste opération touristico-commerciale visant avec la mise en service de trains supplémentaires à augmenter la fréquentation car sinon comment rentabiliser un investissement de plus de 36 millions d’euros (HT), les bénéfices générés par l’exploitation du “Petit Train” servant à équilibrer les comptes de la société EPSA gérante aussi de deux stations de montagne (Gourette et la Pierre-Saint-Martin) confrontées à un important déficit budgétaire.

Un mot sur les encombrements automobiles. Des solutions sont à concrétiser. L’accès au “Petit Train” peut se faire à partir de navettes et parkings relais à créer sur Ascain, Sare, voire Saint-Jean-de-Luz.

Cela éviterait de nouvelles destructions d’espaces naturels à Saint-Ignace pour l’agrandissement et l’offre de stationnements utilisés trois ou quatre mois par an.

En votre qualité d’élu nous vous demandons d’intervenir pour que ce projet fasse l’objet d’un réel débat public et que la volonté exprimée par la population du Pays Basque soit respectée.

Nous restons également dans l’attente de votre avis et interpellation urgente sur ce dossier.

Nous vous indiquons également que nous sommes à votre disposition pour des informations complémentaires.

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur le Conseiller Départemental, en l’assurance de notre considération distinguée.