Béatrice MOLLE-HARAN

Rapprochement des prisonniers : Pedro Sanchez prépare le terrain

C’est une bonne nouvelle : le président espagnol Pedro Sanchez commence à préparer le terrain et parle de possibles changements concernant la politique pénitentiaire

Béatrice MOLLE-HARAN. © Sylvain SENCRISTO
Béatrice MOLLE-HARAN. © Sylvain SENCRISTO

C‘est une bonne nouvelle. Le président espagnol Pedro Sánchez commence à préparer le terrain et parle de possibles changements concernant la politique pénitentiaire appliquée aux prisonniers basques. Des déclarations réalisées à la télévision espagnole qui ont satisfait l’ensemble de la classe politique du Pays Basque Sud, excepté le PP et Ciudadanos. Des déclarations allant dans le droit fil d’une motion votée dernièrement au sein de la Commission des Droits humains du Parlement basque par le PNV, EH Bildu, Elkarrekin, Podemos et le PSE. Motion faisant véritablement consensus, seul le PP l’a rejetée, et demandant la fin de l’éloignement des prisonniers basques, la mise en place d’une politique humaine, individualisée ainsi que la reconnaissance du mal causé.

Certes nous ignorons pour le moment comment les paroles du chef du gouvernement espagnol se concrétiseront. Mais force est de constater que le discours est différent de celui de Mariano Rajoy et de ses acolytes du PP. Un ton prudent, à la mesure des drames qu’ont représentés cinquante années de conflit et son cortège de victimes. De fait, concernant les prisonniers catalans, Pedro Sanchez a été beaucoup plus clair prônant le retour de ces derniers sur leur terre. Concernant les prisonniers basques, le président espagnol a spécifié qu’il s’agirait de mesures individuelles et a demandé au PP d’éviter de défendre des intérêts partisans dans cette affaire délicate.

D’aucuns interpréteront qu’il s’agit d’un naturel renvoi d’ascenseur aux partis du Pays Basque Sud ayant voté la motion de censure renvoyant Rajoy à ses foyers. Des partis dans leur ensemble favorables au rapprochement des prisonniers basques. De fait, aux Cortés, le ministre de l’intérieur Grande-Marlaska a enfoncé le clou accusant un sénateur PP “d’alarmisme” concernant cette affaire, affirmant “que la dispersion fut positive, mais la réalité est autre aujourd’hui”.

Reste un travail de pédagogie et surtout d’humanité à mener auprès des victimes. Car un changement de politique pénitentiaire doit recueillir un consensus majeur. Ce que d’aucuns appellent “la voie française” menée par le ministère de la Justice du gouvernement Macron en est un exemple. Les contacts menés par Hélène Davo ont été précédés d’explications aux victimes. La délégation du Pays Pasque qui plaide le rapprochement des prisonniers travaille pas à pas, 14 prisonniers l’ont obtenu et cinq viennent de voir leur statut de DPS (détenu particulièrement signalé) supprimé.

Au Pays Basque Sud, Jesus Loza, nouveau délégué du gouvernement espagnol à la Communauté autonome basque, pourrrait jouer un rôle déterminant. Tant par ses relations avec les victimes, il fut responsable de la Fondation Buesa, et bénéficie du respect dans les milieux abertzale, s’étant toujours prononcé en faveur de la nécessaire réinsertion des prisonniers.

Autre nouvelle positive, la création d’un groupe de travail au sein du Parlement basque réunissant le PNV et EH Bildu revendiquant, dans un premier temps, l’application intégrale des compétences du statut d’autonomie avant sa rénovation. Avec trois points clés pour l’avenir de ce territoire : l’obtention de la la gestion de la Sécurité sociale, la compétence de la politique pénitentiaire et le droit d’organiser des référendums. Après la haine, la vengeance et autres turpitudes, il est venu le temps de la politique.