Aizpuru, Ainhoa

La collaboration en matière d'emploi se concrétise des deux côtés de la Bidasoa

Les responsables régionaux de Pôle Emploi et de Lanbide (le service de l’emploi basque au Pays Basque Sud) ont signé un accord de partenariat mercredi dernier, dans les locaux de l’agence Pôle Emploi de Saint-Jean-de-Luz. Un premier pas vers un rapprochement des deux organisations qui leur permettra de mutualiser leurs compétences afin de mieux orienter le public.

3 900 travailleurs traversent la Bidasoa tous les jours pour embaucher. DR
3 900 travailleurs traversent la Bidasoa tous les jours pour embaucher. DR

La recherche d’emploi peut s’avérer être un vrai parcours du combattant et les difficultés se multiplient d’autant plus sur un territoire transfrontalier. Différences culturelles, méconnaissance du marché du travail de son voisin, difficultés à se comprendre : c’est avec l’objectif de surpasser ces obstacles et afin d’offrir un meilleur accompagnement que l’agence Pôle Emploi de Saint-Jean-de-Luz et les services de Lanbide ont signé ce premier accord de partenariat.

"Il nous a paru naturel de nous rapprocher de notre homologue du Pays Basque Sud pour voir ce que l’on pouvait faire ensemble et apprendre à mieux se connaître". Pour Manuel Basillio, directeur de l’agence de Saint-Jean-de-Luz, il allait de soi que les quelques liens tissés par ses prédécesseurs avec l’agence de l’emploi Lanbide devaient être renforcés. La situation géographique de l’agence luzienne lui donne en effet un statut particulier. Habitant à quelques kilomètres de la Bidasoa, il est fréquent qu’un demandeur d’emploi originaire du Pays Basque Sud passe les portes de Pôle Emploi de Saint-Jean-de-Luz à la recherche d’informations sur le marché du travail au Nord (80 à 100 personnes par mois). Par ailleurs, M. Basillio évalue à près de 500 le nombre de personnes originaires du Pays Basque Sud qui habitent à Hendaye ou Urrugne et qui sont inscrites dans son agence.

Malgré la présence d’agents bilingues à Saint-Jean-de-Luz, les services offerts actuellement à cette population sont encore insuffisants. "L’accompagnement que nous pouvons leur proposer reste très limité en raison de notre ignorance des services proposés par Lanbide, mais aussi de notre méconnaissance du marché du travail et des opportunités d’emploi au Pays Basque Sud. Demain, nous pourrons donner des informations beaucoup plus pertinentes et proposer un meilleur service". Un véritable accompagnement à deux voix. Par ailleurs, ce nouveau dispositif permettra de compléter l’application Eures qui permet aux candidats de chercher du travail dans un autre pays d’Europe. Les demandeurs d’emploi de l’agence de Saint-Jean-de-Luz pourront ainsi bénéficier en parallèle de l’expertise d’un interlocuteur identifié chez Lanbide. Même s’il ne s’agit pas de se substituer à un dispositif déjà existant, M. Basillio n’exclut pas la possibilité d’imaginer dans un second temps un outil de rapprochement des offres d’emploi.

"Etre raisonnable"

"Ce que l’on a souhaité dans cet accord de partenariat qui évoluera par la suite vers une convention, c’est être raisonnable". Pour l’instant, Manuel Basillio n’envisage pas la mise en place de permanences d’agents Lanbide à Saint-Jean-de-Luz. Il indique que "cela se réalise dans les zones transfrontalières avec l’Allemagne depuis déjà 20 ans, mais que les flux transfrontaliers sont beaucoup plus faibles ici". Il s’agit pour l’instant pour les deux services d’emploi basques d’apprendre à mieux se connaître, à comprendre le marché de travail de l’autre, et à identifier les problématiques rencontrées par les demandeurs d’emploi afin de mieux les accompagner.

Cette initiative locale vient s’inscrire dans le cadre des recommandations que l’Eurorégion Nouvelle Aquitaine-Euskadi-Navarre avait identifié dans son diagnostic territorial sur la réalité de l’emploi transfrontalier. A l’issue de ces travaux, il avait été montré qu’il était pertinent de poursuivre les contacts engagés pour essayer d’arriver à un accord. Pour M. Basillio, l’objet de cet accord est aussi de comprendre pourquoi les flux transfrontaliers ne sont pas aussi importants qu’ils pourraient l’être. Les marchés du travail des deux côtés de la Bidasoa sont certes très différents mais ils peuvent aussi être complémentaires et sources de nouvelles opportunités pour les demandeurs d’emploi. L’accord signé entre les deux services de l’emploi basque pourrait ainsi permettre des mobilités qui ne sont pas encore envisagées.