Janie CAILLIAU

Le sucre : ange ou démon ?

Le docteur M. Gschwind, diabétologue au Centrehospitalier dela Côte basque, explique que “Le sucre n’est pas à diaboliser en tant que tel”.

L'affiche de Sugarland.
L'affiche de Sugarland.

Sugarland de l’australien Damon Gameau, récemment diffusé dans les salles de cinéma du Pays Basque, dont à Hasparren, alerte sur les méfaits du sucre sur la santé. Il avertit : le sucre est partout ! Il dénonce son omniprésence dans les supermarchés et accuse l’industrie agroalimentaire d’introduire le sucre à notre insu au cœur de nos cultures et de nos régimes. Damon joue avec les codes de la vulgarisation scientifique : il annonce qu’il va devoir consommer 40 cuillères de sucre par jour pour correspondre aux repas déclarés sains proposés par les industriels. Chez les internautes, la polémique enfle. Ils lui reprochent l’absence de sources scientifiques sérieuses, de documentation, de tests comparatifs : que des accusations ! Ses détracteurs ironisent déclarant que le client qui va au supermarché ne se retrouve pas avec un flingue sur la tempe l’obligeant à acheter des produits sucrés !

Néanmoins le débat est lancé avec 422 millions de diabétiques dans le monde, dont 3,5 millions dans l’Hexagone ; 2,1 milliards de personnes seraient en surpoids dont une partie déclarées obèses. Le diabète est associé dans l’inconscient collectif à l’excès de sucre alors que dans certains cas, il a une origine auto-immune. Quant au surpoids et l’obésité, ils sont souvent dus à la consommation excessive d’aliments caloriques combinée à un manque d’exercice physique. Le diabète comme l’obésité peuvent aussi provenir d’une prédisposition génétique.

Interrogée à ce sujet, le docteur Marion Gschwind, diabétologue, assistante spécialiste en endocrinologie – diabétologie au Centre Hospitalier de la Côte basque explique que “le sucre n’est pas à diaboliser en tant que tel”. D’après elle, le sucre est un élément indispensable de l’alimentation car nécessaire au fonctionnement quotidien du cerveau et des muscles. Elle précise toutefois que “l’excès de sucre est bien sûr délétère et peut concourir à une prise de poids voire à l’obésité qui peut être le lit de nombreuses maladies, comme du diabète ou des pathologies cardio-vasculaires”. Toutefois, la consommation modérée de sucre associée à la pratique d’une activité physique régulière favorise, d’après la spécialiste, la destruction de cet excès de sucre ingéré et permet de réguler le développement de ces pathologies.

Il convient aussi de faire la différence entre les sucres. Car les sucres lents comme le pain ou les céréales et les sucres rapides tels les fruits et le sucre en poudre ont des effets différents, bien que complémentaires. Les premiers permettent d’obtenir de l’énergie sur du moyen terme (activité physique par exemple) tandis que les seconds agissent sur le court terme. “Une alimentation équilibrée offre quotidiennement 50 % de glucides (sucres), 35 % de graisses (lipides) et 15 % de protéines”, précise le Dr Gschwind.

D’après elle, il n’est pas recommandé d’éliminer tous les sucres de l’alimentation générale. Ils sont nécessaires au bon fonctionnement du système nerveux et leur éviction complète peut conduire à certains troubles métaboliques. L’exclusion totale des glucides correspond à un régime alimentaire dit “cétogène” qui n’est indiqué que dans certaines pathologies. Selon la spécialiste, ce type de régime alimentaire doit être encadré et prescrit par un membre du corps médical. Bref, avec le sucre, appliquons l’adage : l’excès nuit en tout !