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Un territoire sous tension

Sur le littoral, le loyer moyen est de 715 euros pour une surface moyenne de 62 mètres carrés d’après les derniers résultats de l’Observatoire local des loyers privés. Bayonne et Boucau bénéficient des loyers les moins élevés du périmètre observé.

Le loyer du T3 est en moyenne de 643 euros à Bayonne et Boucau. © Isabelle Miquelestorena
Le loyer du T3 est en moyenne de 643 euros à Bayonne et Boucau. © Isabelle Miquelestorena

Le logement n’est pas un secteur économique comme un autre, le poids social y est important. L’Etat français a donc mis en place des observatoires dans les zones qu’il considère tendues. En charge de l’enquête, l’Agence d’urbanisme atlantique et Pyrénées (Audap) a présenté les résultats de l’Observatoire local des loyers privés de l’unité urbaine de Bayonne pour l’année 2017, lors du comité de pilotage, vendredi 18 mai. L’occasion de confirmer par des données objectives ce que les habitants et les élus connaissent bien : des prix de loyer élevés et une demande en logement forte.

D’après cette quatrième publication de l’observatoire, la zone aux loyers les plus élevés se trouve dans la zone 3. Elle longe le trait de côte jusqu’à Anglet et est caractérisée par un loyer moyen de 11,5 euros le mètre carré, soit un loyer de 715 euros pour une surface moyenne de 62 mètres carrés. La zone 1 regroupant Bayonne et Boucau connaît les loyers les moins élevés. Avec 10 euros le mètre carré, on y trouve un loyer moyen de 595 euros pour une surface moyenne de 60 mètres carrés.

Une situation "intenable" selon la présidente de l’Audap Nathalie Motsch qui préconise un changement de logiciel : "on n’échappera pas à une table-ronde avec tous les partenaires du public comme du privé". Le parc du logement privé est influencé par des dynamiques telles que la construction de logements, l’investissement locatif fiscalement aidé et la location saisonnière.

Dans le périmètre étudié qui regroupe 25 communes du littoral et du rétrolittoral basque, d’Hendaye à Boucau, et quatre landaises, on compte près de 35 000 logements locatifs privés. Cela représente 29% des résidences principales, une part importante selon les acteurs du logement. Les chiffres de l’enquête ont été fournis par les professionnels du secteur, complétés par une enquête téléphonique auprès des particuliers et des données administratives.

Hausse de la location saisonnière

Le sous-préfet de Bayonne, Hervé Jonathan, a rappelé que 20% des revenus des ménages est consacré à l’immobilier. La capacité des habitants de ce territoire à se loger est au centre des préoccupations. Le vice-président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, Paul Baudry, le rappelle : "la baisse des revenus provoque des situations délicates dans certains ménages de la bande littorale". Une bande qui s’élargit d’année en année.

Dans le cas des logements T3 qui représentent 31% du parc locatif privé, les prix oscillent entre 643 euros et 731 euros par mois. Sachant que les agences immobilières exigent des revenus correspondant à trois fois le montant du loyer, les locataires doivent avoir des revenus moyens de 2 000 euros pour pouvoir prétendre à ce type de loyer. Or, le revenu médian sur ce périmètre est de 1 744 euros pas mois, 2 616 pour un couple. Le Smic, lui, est à 1 153,82 euros.

Bien que l’enquête ne permette pas de comparer les résultats d’une année sur l’autre, l’Audap constate que les prix sont assez stables. Une observation confirmée par les professionnels, mais nuancée par la hausse des locations saisonnières à travers l’économie de partage telle que Airbnb. Raréfaction des locations et flambée des prix accompagnent ce phénomène. "On a beau lui dire que le prix est trop élevé, le propriétaire sait qu’il va louer", a déploré une professionnelle de la location immobilière pendant le copil. Elle constate que le filon jusque-là exploité principalement à Biarritz, Bidart, Guéthary et Saint-Jean-de-Luz, s’étend de plus en plus à Bayonne.

"On suit avec intérêt ce phénomène", a réagi le sous-préfet de Bayonne Hervé Jonathan. Il a évoqué le besoin d’encadrer l’usage des logements rénovés avec de l’argent public pour qu’ils ne servent pas à l’économie collaborative. Et a renvoyé la balle aux élus afin qu’ils trouvent des solutions.