Laurent PLATERO

“Trop easy”, la web-série du Pays Basque

Trop easy vient de lancer la diffusion des six premiers épisodes, sur Internet et sur les réseaux sociaux. Une aventure qui se déroule intégralement au Pays Basque.

L'équipe de la web-série, lors du tournage. © Trop easy
L'équipe de la web-série, lors du tournage. © Trop easy

Premier épisode de cette histoire, il y a quatre ans : Sonia Bengana et Olivier Péant travaillent tous les deux pour la chaîne de télévision locale TVPI. Ils manifestent une envie de créer une série de fiction. "On trouvait qu’ici, il n’y avait pas assez de choses et qu’il y avait un terrain à prendre", raconte Olivier. Fan de jeux et de chasses au trésor, il évoque l’idée d’une série dont chaque épisode se terminerait par une énigme à résoudre.

Alors, les deux amis réalisent un pilote, entourés de trois comédiens. Maite Cami et Yves Combaret, qu’Olivier connaissait, et Marion Casenave, recrutée sur casting. "On avait mis plein d’affichettes dans les écoles de théâtre du coin, on a eu six ou sept réponses, et on a fait des castings. On a flashé sur Marion car c’était un peu la petite branleuse du lot, elle est arrivée sans connaître son texte. Elle nous a interpellés. Elle est spontanée et naturelle", se souvient avec bienveillance le réalisateur.

S’ensuit le chef opérateur, François Froget, à l’origine de plusieurs documentaires animaliers. Olivier l’a connu par TVPI. "Dans un premier temps, on a envoyé le pilote dans les circuits classiques". Mais les maisons de production traditionnelles ne répondent pas.

Sonia et Olivier décident alors de produire la série par leurs propres moyens. Il y a un an et demi, ils mettent la vidéo en ligne sur deux sites : Facebook et Youtube. La websérie s’intitule Trop easy. Ce terme est celui employé par le personnage de Marion Casenave à la fin de chaque énigme, appuyé par une mimique qui semble mettre tout le monde au défi.

Introduit par ce premier épisode, l’histoire est celle d’une jeune fille (Amy) qui se rend au cimetière de Ciboure. Elle s’inquiète auprès d’une habituée (Maite) de l’absence d’Ernest. Pour elle, le vieil homme a été enlevé. Maite demande à la jeune fille pourquoi une telle suspicion. "Pfff, trop easy !", répond-elle face caméra.

Obnubilé, le spectateur envouté ne cessera de regarder de nombreuses fois l’épisode, stoppant la lecture sur des détails visuels, afin de résoudre l’énigme. C’est durant ce laps de temps, motivée par les quelques 60 000 vues du premier épisode, que l’équipe a mis en place un financement participatif. Six mille euros ont été récoltés, permettant l’achat de matériel, le financement des transports et de la technique. Les comédiens et réalisateurs sont bénévoles.

Novembre 2017, les cinq autres épisodes sont en boîte après quatre mois de tournage. Aux côtés des "historiques", des comédiens sont invités : Soso Puleoto, figure locale de rugby, et Gérard Amalric. La diffusion a débuté ce 23 avril. Chaque lundi, Trop easy publie une vidéo de quatre minutes énonçant l’énigme, une autre donne la solution le samedi.

Nombreux sont les internautes qui y vont de leurs hypothèses et commentaires. "Les gens sont captifs, ils écrivent des tas de mails dans la journée", raconte Olivier. Des cadeaux sont à gagner, offerts par des partenaires locaux, entre macarons et jambon de Bayonne.

Élucider le mystère se fait en beauté : “c’est un prétexte pour visiter le Pays Basque. On veut montrer des lieux qui nous plaisent, mais sortir de la carte postale”. Ainsi, le château d’Abbadia sera de la partie, mais d’autres lieux restent confidentiels : "ça fera l’objet d’une énigme". Les images de la série sont belles, l’équipe a été jusqu’à bloquer la corniche en plein mois d’août. "Les gens nous ont donné leur confiance, on veut que ça se voit à l’écran".

Sonia et Olivier voudraient également faire un épisode en direct à l’automne. "Les comédiens joueraient leur propre rôle dans certains décors du tournage". Après ce lancement de leur websérie, comment se sentent les deux réalisateurs ? La réponse est quelque part dans cet article, une énigme en écho au premier épisode de la série. Pfff… trop easy !