Bénédicte Saint-André

“Nous n'avons pas d'autre choix que de maltraiter nos personnes âgées”

PAROLE D'… aides-soignants. Claire Cellan et Daniel Irazoqui sont aides-soignants en maison de retraite. L'une à Boucau, l'autre à Iholdy. Tous deux dressent le constat accablant de leurs conditions de travail. 

La mobilisation a été organisée par la CFDT, Lab, Unsa, CGT. © Maite UBIRIA
La mobilisation a été organisée par la CFDT, Lab, Unsa, CGT. © Maite UBIRIA

Claire, aide-soignante et secrétaire générale de la CFDT Santé-Sociaux Pays Basque et Daniel, aide-soignant à Iholdy ont tous deux plus de vingt ans de métier au compteur. "Nous n'avons pas d'autre choix que de maltraiter nos personnes âgées", se lamente Claire. Elle alerte de la situation depuis des années.

Les toilettes par exemple. "Entre nous, on appelle ça les VMC, visage-main-cul. C'est cru, mais c'est notre réalité quotidienne". Pas plus de vingt minutes, même pour les plus dépendants, de plus en plus nombreux.

"On n'a plus le temps de faire le métier qu'on aime et qu'on connaît, déplore Daniel. On n'y arrive plus, on est usé". "On donne à manger à deux patients en même temps, main droite, main gauche", soupire Claire. Dans leur métier, le plus souvent, on ne part plus à la retraite, on est déclaré inapte. Accidents de travail explosent. 

Une situation intenable, pour eux et pour la société dans son ensemble, qui doit d'urgence "regarder ses vieux au fond des yeux". "Le Gouvernement ne nous entend pas, c'est inacceptable", fait valoir Claire. Le métier est en train de mourir selon Daniel. "On a de plus en plus de mal à trouver des remplaçants". Le nombre de candidats à l'école baisse inexorablement.

Tous deux s'en vont manifester ce jeudi. Corps fatigué mais tête haute. Question de survie.