Bénédicte Saint-André

Deux sans-abri retrouvés morts en une semaine

Deux hommes sont morts dans la rue, à Bayonne et Boucau. 

Hervé Jonathan et les bénévoles de la Croix Rouge © Isabelle MIQUELESTORENA
Hervé Jonathan et les bénévoles de la Croix Rouge © Isabelle MIQUELESTORENA

"Leur mort est un scandale qui doit interpeller chacun à un niveau personnel comme collectif, et quelles que soient nos appartenances politiques ou religieuses", est-il écrit sur la page de l'association Les morts de la rue, qui comptabilise chaque année leur nombre dans l'Hexagone.

En moins d'une semaine, sur la côte basque, deux sans-abri d'une cinquantaine d'années sont morts. L'un à Bayonne, habitué du quartier de la gare, le 15 février. Le second à Boucau, ce mercredi 21 février. Il "vivait" dans une tente dans le bois Guilhou.

Dans la rue, les corps s'usent deux fois plus vite, fait-on savoir. L'espérance de vie d'un sans-abri est de 49 ans. Contrairement à l'idée reçue, la première cause de mortalité n'est pas le froid, mais la maladie, à 40 %. "En fait, c'est l'abandon et le désespoir qui tuent", rappelle le collectif.

Toutes les places ne sont pas pourvues

Ce mercredi justement, le sous-préfet Hervé Jonathan était sur le terrain, pour évaluer le dispositif d'urgence, et saluer l'engagement des bénévoles. Jour et nuit, ceux de la Croix Rouge maraudent : ils apportent nourriture, boissons chaudes, couvertures, et conduisent hommes et femmes vers les lieux d'hébergement.

Ces deux hommes, retrouvés morts, étaient suivis par les services sociaux. Ils utilisaient régulièrement l'accueil de jour. Pour manger, se doucher. Tous deux avaient également des "conduites addictives" comme on dit dans l'administration. Ils refusaient les solutions d'hébergement la nuit, "qui imposent des règles collectives". Une enquête sur leur décès est en cours.

A part "ça", le dispositif fonctionne bien pour la préfecture. Un accueil téléphonique est tenu 24h/24. Aux 40 places d'hébergement d'urgence annuelles, s'ajoutent 38 places sur la période hivernale. Toutes ne sont pas pourvues et d'autres peuvent être débloquées si besoin, ou en cas de déclenchement du plan grand froid : cinq jours consécutifs à -1°C jour et nuit.

"La rue les a à tel point déshumanisés"

"Le but est de minimiser le recours aux chambres d'hôtel et d'avoir une prise en charge globale, sur la durée. Les efforts sont faits, les morts sont rarissimes dans le département", indiquent les services de l'Etat, pour qui la prise en charge des sans-abris est une priorité.

"Parfois on ne peut rien faire de plus, confie une assistante sociale. La rue les a à tel point déshumanisés qu'on ne peut plus rien pour eux". Certaines d'entre elles démissionnent, c'est trop dur.

On entend cela et on reprend le cours de notre journée, la chaleur de notre foyer. Tout est-il fait pour que chacun dans notre société dispose d'un logement décent ? Evidemment non. Cette responsabilité est la nôtre. On ne choisit jamais de vivre dans la rue. Ni d'y mourir.