Antton Etxeberri

Méconnaissance, désintérêt et intransigeance

Les réponses de Gilbert Payet, entre méconnaissance du Pays Basque et intransigeance, nécessitent quelques remarques.

Nombreux sont les élus locaux à s'étonner de l'absence répétée du préfet au Pays Basque Nord, à tel point que certains le surnomment même le “préfet du Béarn”. Ses réponses dans cette première partie d’interview renseignent sur sa vision du conflit qu'a connu le Pays Basque et les revendications qui sont portées par ce territoire. G. Payet semble réellement méconnaître l'histoire, les combats et les revendications portés par le Pays Basque.

Annoncer le plus sérieusement du monde que ce territoire n'a pas connu de conflit armé, le comparer avec des règlements de compte à Marseille, ignorer l'existence même du GAL qui assassine au Pays Basque Nord durant les années 80, méconnaître à ce point la réalité de ce territoire en disent long sur l'intérêt que porte G. Payet au Pays Basque. La France est pour lui “un pays qui applique la loi et la légalité républicaine”, au Pays Basque comme ailleurs. A-t-il entendu parler de Popo Larre, Ttotte Etxebest, Maddi Hegi, Naparra, Pertur, Jon Anza ? Refuser d'ouvrir les yeux sur ces évènements ne ressemblerait-il pas à s'y méprendre à ces lois d'amnistie que le préfet condamne quand il parle de “crimes de sang” amnistiés ?

La réponse concernant la revendication de la Collectivité territoriale n'apporte pas grande nouveauté sur le sujet. Paris a refusé une Collectivité territoriale à statut particulier pour le Pays Basque Nord “en fonction d’orientations politiques et des situations particulières”, malgré la très grande majorité de maires locaux favorables. Le préfet ne précise pas ce qui se cache derrière ce terme “situations particulières”. L'ancien ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, l'aura fait à sa place, dans ses déclarations à Donostia début février : “c'est à l'Espagne de décider de son calendrier, de sa stratégie, et pas aux élus du Pays Basque français.” Ces propos tenus sur la question des prisonniers pourraient résumer à eux-seuls “la situation particulière” qui a prévalu au moment de refuser la Collectivité territoriale à statut particulier au Pays Basque.