Rébillard, Chloé

EH Bai lance l’alerte sur l’immobilier du Pays Basque intérieur

Les projets immobiliers se multiplient dans la zone rétrolittorale, à Ustaritz, Cambo-les-Bains ou encore Espelette, et les prix du foncier grimpent en flèche. Pour le mouvement abertzale, il faut agir maintenant pour anticiper une situation qui pourrait devenir intenable d’ici quelques années. 

Les élus locaux de EH Bai, membres de le commission du logement, du foncier et de l'urbanisme, ont alerté sur la situation de la zone rétrolittorale lors d'une conférence de presse, ce 20 janvier à Cambo. © Isabelle Miquelestorena
Les élus locaux de EH Bai, membres de le commission du logement, du foncier et de l'urbanisme, ont alerté sur la situation de la zone rétrolittorale lors d'une conférence de presse, ce 20 janvier à Cambo. © Isabelle Miquelestorena

"Si nous ne faisons rien, la situation de saturation urbanistique et de prix inaccessibles que connaît actuellement la zone littorale sera déportée sur la zone rétrolittorale d’ici quinze ans" s’inquiète Peio Etcheverry-Ainchart, membre du mouvement EH Bai. 

Depuis quelques années, les communes du Labourd intérieur attirent les convoitises des promoteurs immobiliers et le mouvement tendrait à s’amplifier dans les années à venir selon les élus du mouvement abertzale. "Personne ne veut reproduire les erreurs qui ont été commises sur la côte" analysent-ils. Ils tirent la sonnette d’alarme : pour agir efficacement, il faut agir maintenant et anticiper les mutations en cours. 

L’objectif ? Ne pas artificialiser à tout va, maintenir des terrains agricoles et des coupures vertes à proximité des villes, et surtout empêcher les prix de s’embraser contrairement à ceux actuellement pratiqués sur la côte basque.

Leurs propositions seraient de jouer sur plusieurs leviers législatifs, à plusieurs échelles. Le premier levier serait d’interpeller les parlementaires locaux. Peio Etcheverry-Ainchart souligne : "le Pays Basque Nord n’est pas la seule zone à avoir une problématique de saturation de la côte qui fait peser les enjeux urbanistiques sur la zone rétrolittorale. D’autres territoires hexagonaux sont concernés, comme par exemple le bassin d’Arcachon." EH Bai pense donc que des parlementaires de plusieurs territoires pourraient être sollicités pour mener une bataille législative. 

Le Labourd intérieur n’a pour l’instant pas les mêmes possibilités que la zone littorale. La taxation des résidences secondaires, par exemple, n’est pas autorisée sur les territoires intérieurs. Tout l’enjeu du débat législatif que voudrait porter EH Bai serait d’ouvrir les droits actuellement en vigueur sur la côte aux communes qui sont concernées par l’essor de l’immobilier. 

Et au niveau local ?     

Mais pour le mouvement abertzale, l’échelle hexagonale n’est pas suffisante, il faut également jouer sur les politiques communales, notamment via les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et les différents organismes qui permettent de jouer sur les politiques immobilières. L’une des propositions serait d’avoir recours plus souvent à l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local) qui peut acheter des terrains pour en faire une réserve foncière ou du bâti à vocation sociale, ce qui permettrait d’enrayer la spirale de la spéculation immobilière.

Le message porté par le mouvement abertzale est surtout de ne pas attendre qu’il soit trop tard et de commencer à agir maintenant. Ils enjoignent les associations ou les citoyens qui voudraient agir à leur échelle à se mettre en contact avec eux afin de mettre en commun les propositions et commencer à anticiper. Mikel Goyheneche, premier adjoint d’Ustaritz, réfute le fatalisme selon lequel les promoteurs seraient tout-puissants : "Nous avions un projet immobilier privé sur Ustaritz qui ne correspondait pas à notre volonté en pourcentage de logements sociaux. Nous l’avons fait savoir au promoteur. Un mois plus tard, il revenait avec un projet à 100% de logement social."