Chloé REBILLARD

Les incidents en prison sous le feu des projecteurs

Depuis l’agression la semaine dernière de trois surveillants dans une prison dans le nord de la France, trois syndicats de surveillants ont appelé à un mouvement de protestation. Et les incidents sont relevés dans les colonnes des journaux. 

Les prisons françaises figurent dans le bas du classement des prisons européennes depuis des années. ©Pixabay
Les prisons françaises figurent dans le bas du classement des prisons européennes depuis des années. ©Pixabay

Dernier événement en date, et non des moindre, ce jeudi, 123 détenus de la prison de Fleury-Mérogis ont refusé de regagner leurs cellules après une promenade dans la cour. Selon plusieurs médias, la situation semblait revenir à la normale en début d’après-midi et les prisonniers auraient commencé à regagner leurs cellules. Aucune violence ne serait à déplorer. 

Cet incident n’est que le dernier d’une semaine qui a vu les feux des projecteurs se tourner vers les hauts murs des prisons françaises. Deux agressions de surveillants ont eu lieu à quelques jours d’intervalle : la première à la prison de haute-sécurité de Vendin-le-Vieil jeudi dernier (11/01) par un détenu emprisonné pour "complicité de terrorisme". Et une autre à la prison de Mont-de-Marsan le mardi 16 janvier par un détenu qui a blessé sept surveillants. 

A Bayonne, plusieurs surveillants ont répondu à l’appel de bloquer les prisons lancé par FO, l’Ufap-Unsa Justice et la CGT-pénitentiaire. Les syndicats réclament plus de moyens et d’effectifs et une prise en compte spécifique des détenus pouvant présenter des signes d’extrémisme religieux et de propension aux actes terroristes. 

La surpopulation carcérale, qui fait de la France l’un des pays apparaissant régulièrement dans les classements des pires pays d’Europe quant à l’état de ses prisons, est régulièrement pointée du doigt par l’Observatoire International des Prisons (OIP). Actuellement, le taux d'occupation des établissements pénitentiaires en France s'élève à 113 %. En 2016, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté s’était exprimée sur la question dans les colonnes du Monde, présentant les prisons françaises comme : "des cocottes-minutes" prêtes à exploser. 

Face à la crise, le gouvernement tente de négocier, sans résultat pour le moment, avec les syndicats de surveillants. La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a rencontré des représentants du mouvement dans la semaine et Emmanuel Macron avait annoncé un plan pour le pénitentiaire lundi. Cela n’a pas suffit pour empêcher le mouvement de reprendre ce jeudi. 

La situation pourrait devenir intenable pour le gouvernement. Le mal-être exprimé par les surveillants est également vécu par les prisonniers, les poussant parfois au pire. A Bayonne, la maison d’arrêt avait été le théâtre de deux suicides de détenus à 10 jours d’intervalle en 2016. De nombreux rapports d’experts pointent également le taux important de détenus souffrant de troubles psychiatriques et qui ne sont pas soignés dans de bonnes conditions. Pour le Comité consultation national d’éthique (CCNE), cité par l’OIP, "on assiste à un déplacement de l’hôpital psychiatrique vers la prison."