Caroline MALCZUK

Le processus de paix pourrait franchir une nouvelle étape

Une délégation du Pays Basqe se rend à Paris, ce lundi 10 juillet, afin de porter la résolution du conflit au plus haut des sphères de l'Etat. Membres de la société civile, d'associations et de différents partis politiques, ils veulent tous faire franchir au processus de paix au Pays Basque une nouvelle étape.

Une délégation du Pays Basque de 23 personnes portera le processus de Paix à Parits, lundi prochain. ©Isabelle MIQUELESTORENA
Une délégation du Pays Basque de 23 personnes portera le processus de Paix à Parits, lundi prochain. ©Isabelle MIQUELESTORENA

"Et maintenant, les prisonnier-e-s." Une délégation du Pays Basque, constituée de 23 personnes, se rend à Paris ce lundi 10 juillet pour mettre le problème des détenus basques sur la table des institutions. Élus de tous partis, de tous niveaux institutionnels, représentants de collectifs et d’associations la composent*. En rendez-vous déjà confirmés, ceux avec la Commission nationale consultative des droits de l'homme, qui est rattachée à Matignon, avec le Défenseur des droits, Jacques Toubon et avec la Contrôleure générale des lieux de privation des libertés, Adeline Hazan. Une conférence de presse est également organisée le même jour, à l’Assemblée nationale, avec Bagoaz. Le président du groupe MoDem ainsi que plusieurs parlementaires seront présents.

"Le désarmement n’est pas encore la paix" a voulu rappeler l’artisan de la paix, Michel Berhocoirigoin. "Elle se construit dans le temps." La prochaine étape du processus de paix, après le 8 avril, c’est selon lui la "résolution globale, définitive de la question des prisonniers". Soit l’abolition des mesures d’exception. C’est donc la fin de la politique de dispersion, de l’éloignement et la libération des détenus malades. Pour Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, il n’y a "pas d’arguments pour ne pas permettre le rapprochement des prisonniers". Il dénonce : "Il n’y a plus de prisonniers politiques mais il y a encore un régime carcéral politique." Régler la question des détenus basques, c’est la suite logique des choses pour le conseiller départemental Max Brisson (LR). "Le préalable, c’était le désarmement."

Tous, dont certains étaient présents à la conférence d’Aiete, se réjouissent que le contexte ait changé depuis 2011. Avec un Gouvernement "qui a permis que ce désarmement puisse avoir lieu" rappelle Michel Berhocoirigoin. Il appelle alors le nouveau Gouvernement à "continuer sur cette trajectoire de facilitateur de paix". Jean-René Etchegaray confirme : "La majorité de l’époque a permis que les choses se fassent parce qu’elle ne les a pas empêchées." Pour Max Brisson, "la logique d’Aiete est en train de se dérouler". Et il en est convaincu, la "démarche réussira parce qu’elle est logique". Même s’il reconnaît que c’est encore "trop long pour ceux qui souffrent".

Forte attente de la société basque

Mais pourquoi ce déplacement précipité, le 10 juillet ? La présidente de Bake Bidea, Anaiz Funosas, a plusieurs fois indiqué que ces rendez-vous avaient été organisés en seulement une semaine. Le but était de porter la démarche à Paris après la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale et avant l’été. "Il faut battre le fer quand il est chaud" a réagi Emilie Dutoya, conseillère régionale PS. Pour Jean-René Etchegaray, la question des détenus basques et du statut des victimes est d’une "urgence absolue". Car "toute la société basque considère qu’il faut donner les gages supplémentaires dans le processus de paix". Des gages qui doivent venir de l’Etat français. Il s’est indirectement adressé aux nouveaux députés Florence Lasserre-David (MoDem), Vincent Bru (MoDem) et Jean Lassalle pour porter avec eux ces revendications dans l’hémicycle.

La première, présente lors de la conférence de presse car membre de la délégation, a saisi l’appel au vol. "Je vais vous accompagner sur ce sujet. Je suis avec vous", a-t-elle garanti. Tout en s’inquiétant d’une certaine précipitation. "Donnons nous un petit peu de temps pour que cela soit fait correctement" tandis que le paysage politique est "en train de changer". Vincent Bru, lui, a indiqué à MEDIABASK avoir obtenu que Bagoaz puisse faire la conférence de presse à l’Assemblée nationale (voire article associé). Concernant les autres groupes parlementaires, c’est en cours. Jean-René Etchegaray a également indiqué avoir envoyé un courrier à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ainsi qu’à la conseillère justice du Président. Sans retour pour le moment.

Sans vouloir faire de jeu de mots, Michel Berhocoirigoin se veut confiant : "Le train est en marche. Il ne s’est pas arrêté avec le changement d’équipe." Et Anaiz Funosas d’ajouter : "Depuis Aiete, on croit en ce processus de paix. Le désarmement nous a confortés dans notre conviction. Tout ce travail a permis d’avoir de nouvelles oreilles sur Paris. On commence à en parler dans les instances."