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La balle est dans le camp du gouvernement

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve était venu au Pays Basque en 2015.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve était venu au Pays Basque en 2015.

Annoncer la date du désarmement d’une organisation qui a agi pendant plus de cinquante ans est complètement inédit. Inhabituel et surprenant, surtout au vu de la stratégie maintenue par les Etats concernés jusqu’à présent. Arrestation des responsables du groupe armé chargés de la résolution du conflit, mise au grand jour de caches d’armes, interpellation de citoyens engagés dans le désarmement… le contexte ne semble pas être favorable aux manifestations publiques d’intention.

Peut-être, qu’au contraire, pour ces mêmes raisons on peut penser qu’aucune autre issue n’est envisageable. En rendant public le jour de la restitution des armes d’ETA, les "artisans de la paix" mettent le gouvernement français face à ses responsabilités et surtout évitent toute distorsion de la réalité. Telle a été la leçon de l’opération de Louhossoa après que le ministère de l’Intérieur espagnol ait annoncé l’arrestation de membres d’ETA alors qu’il s’agissaient de personnes se réclamant de la société civile.

Quelle sera la réaction du gouvernement socialiste face à cette annonce ? Elle peut être multiple. Il pourrait empêcher le projet par la voie policière. Il pourrait y participer afin que les garanties de sécurité soient maximales, les faits vérifiés. Mais il pourrait aussi fermer les yeux, laisser faire. Une position plus confortable vis-à-vis du gouvernement de Madrid.

Dans tous les cas, la balle est dans le camp du gouvernement français et le rapport de force semble s’être inversé. A la fin de cette étape, la société civile, les élus locaux et ETA elle-même auront atteint leur objectif : le désarmement total et définitif.