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Le référendum catalan à l'épreuve

Le Conseil des garanties statutaires en Catalogne -l'équivalent de leur Conseil constitutionnel- a estimé que la Generalitat n'avait pas le pouvoir d'organiser un référendum sur l'indépendance. Accentuant un peu plus la tension entre Barcelone et Madrid. 

Carles Puigdemont et Neus Munté.
Carles Puigdemont et Neus Munté.

Revers pour les indépendantistes catalans alors que le dialogue de sourds avec Madrid atteint son paroxysme. Le Conseil des garanties statutaires de Catalogne - organe consultatif qui dépend du parlement régional - a considéré vendredi que le gouvernement catalan n'avait pas le pouvoir d'organiser un référendum sur l'indépendance. Référendum promis par le président Carles Puigdemont et annoncé pour septembre.

Le conseil s'est prononcé à l'unanimité, alors que la moitié de ses huit membres ont été désignés par des partis indépendantistes. "La compétence de régulation et d'autorisation en matière de référendums revient exclusivement à l'Etat, sans que le gouvernement catalan dispose d'une marge de manœuvre", a-t-il insisté. "C'est le propre conseil créé par le gouvernement régional qui lui dit qu'il est en train de commettre des actes anticonstitutionnels", a commenté le porte-parole du gouvernement espagnol, Íñigo Méndez de Vigo.

Les partis non indépendantistes avaient sollicité l'avis de cette instance sur le budget 2017 de la région, qui prévoit de financer l'organisation du référendum. Mais ses avis n'étant pas contraignants, il revient au parlement régional, dominé par les indépendantistes, de décider s'il maintient cette ligne budgétaire.

Le référendum maintenu

Et la réponse est oui. "Le gouvernement catalan maintient son engagement à organiser le référendum", a réagi dans la foulée la porte-parole de l'exécutif catalan, Neus Munté. Dans le même temps, le chef du PP catalan, Xavier García Albiol, a accusé le gouvernement de "banditisme démocratique".

Cet épisode intervient alors que l’ancien chef de l’exécutif Artur Mas, surnommé le "Moïse catalan", le porte-parole Francesc Homs et la présidente du parlement régional Carmen Forcadell, sont jugés pour "désobéissance à la justice espagnole" concernant l'organisation de la consultation sur l'indépendance le 9 novembre 2014. Ils risquent l'inéligibilité pour dix ans pour le premier et neuf pour les deux autres.

En outre, l’ancien juge catalaniste Santiago Vidal a reconnu publiquement que la Generalitat, l’exécutif régional, disposait d’informations fiscales de nombreux votants, visant à mettre en place un Trésor indépendant.

"Judiciarisation de la politique"

Depuis 2011, la réponse du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy à la montée de l'indépendantisme en Catalogne est principalement judiciaire, avec de multiples recours devant le Tribunal constitutionnel dont les juges sont en majorité conservateurs. Rajoy bénéficie par ailleurs du soutien de Bruxelles.

"Je ne crains pas un recours à la force, je suis Européen, démocrate, et j’espère que l’Espagne aura une attitude démocratique et de dialogue. La judiciarisation de la politique ne sert à rien pour résoudre un conflit", a récemment déclaré Carles Puigdemont dans une entrevue.