Béatrice MOLLE-HARAN

Des actes maintenant !

Il faudra le répéter sans relâche, le droit commun devra enfin s’appliquer afin que soient écartées les souffrances inutiles

Béatrice Molle-Haran © DR
Béatrice Molle-Haran © DR

A l’heure où nous rédigeons ces lignes les appels à manifester à Paris pour le respect des droits des prisonniers basques, entre autre le rapprochement, se font de plus en plus nombreux et pressants.

Pressants car comme l’ont souligné nos parlementaires engagés dans ce combat, l’urgence est au rendez-vous. Plus de six années se sont écoulées, c’était le 20 octobre 2011, depuis l’annonce par ETA de l’arrêt définitif de la lutte armée. Le 8 avril 2016 à Bayonne le désarmemnt de l’organisation ETA était définitivement scellé. Rien ne s’oppose désormais, selon les propres mots des élus soutenant le processus de paix, à cesser le maintien de mesures d’exception envers les prisonniers basques. ll faudra le répeter sans relâche, le droit commun devra enfin s’appliquer afin que soient écartées les souffrances inutiles.

Les Etats espagnol et français continuent de faire la sourde oreile même si l’on a perçu de la part de ce dernier quelques frémissements notamment avec la création d’une commission mixte par le ministère de la Justice, ayant comme but d’examiner au cas par cas les situations se présentant.

A la veille de la manifestation à Paris qui s’annonce massive et plurielle, car réunissant des élus de diverses tendances politiques, ainsi qu’un large panel de la société civile dans son ensemble, rien ne serait pire si suite à cette mobilisation sans précédent, rien ne se passât. Le gouvernement français a la possibilité de larguer les amarres avec Madrid, et de tracer un chemin d’intelligence et de bienveillance. Et surtout de s’ancrer au regard de l’histoire avec un grand H. Très pragmatiquement l’Etat français a tout à gagner en abandonnant une politique suiviste vis à vis de l’Etat espagnol. Ce dernier embourbé dans la question catalane démontre un manque de hauteur de vues, il n’est qu’à observer ces dernières heures les décisions de justice concernant le leader Carles Puigdemont. De mauvais aloi pour le processus de paix en Pays Basque. Sauf si précisément le gouvernement français adopte une position d’ouverture, une politique gaullienne déjà utilisée en son temps pour résoudre les conséquences des conflits armés.

Forcèment l’Etat espagnol devra en tenir compte et finira par comprendre les bienfaits d’une telle politique. Déjà la presse espagnole proche du PP ne dit pas un mot sur la mobilisation de Paris. De la critique injurieuse et mensongère nous sommes passés au silence voire à la censure. Certains rapports d’anciens journalistes devenus universitaires sortent “inopinément” quatre jours avant la mobilisation de Paris, des rapports ébauchant des thèses plus que fantaisistes sur le désarmement d’ETA. Ces péripéties sans importance démontrent cependant que les mouvements et prises de position des uns et des autres de ce côté de la frontière sont observés à la loupe par les institutions de l’Etat espagnol et également du Pays Basque Sud.

Le consensus de la classe politique en Pays Basque Nord et de la société civile face au processus de paix est une bouffée d’espérance. Et l’espérance est toujours contagieuse. C’est cela qu’il faudra transmettre à Paris : cette volonté sans faille d’ouvrir une autre page de l’histoire de ce territoire. Et obtenir au plus vite des réponses concrétisées par des actes.

Denak Pariserat!