G.T.

ETA laisse entre les mains de la société basque la question des prisonniers

L’organisation indépendantiste a annoncé dans un communiqué qu’Iratxe Sorzabal et David Pla ne sont plus ses interlocuteurs. Elle justifie cette décision par le fait qu’ils occupent des fonctions au sein du Collectif des prisonniers politiques basques et que la question de la résolution du conflit est portée par la société basque, à présent.

Place Paul Bert de Bayonne, le 8 avril 2017. @Artisans_Paix
Place Paul Bert de Bayonne, le 8 avril 2017. @Artisans_Paix

"ETA a mis la feuille de route de la résolution du conflit entre les mains du Pays Basque, comme l’a pu le démontrer le processus de désarmement", écrit ETA dans un communiqué publié ce samedi par le quotidien Gara. A travers ce document, l’organisation indépendantiste franchit un pas supplémentaire, alors qu’elle se trouve dans une phase de réflexion décisive, et annonce qu’Iratxe Sorzabal et David Pla ne sont plus ses représentants.

Ce dernier s’était présenté publiquement comme l’interlocuteur d’ETA pour la résolution du conflit en 2015, après son arrestation. Il avait été interpellé avec Iratxe Sorzabal à Baigorri. Tous deux sont venus compléter, récemment, la direction du Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK), élus par leurs camarades.

L’organisation ETA a pris cette décision, "tenant compte que [la] nouvelle mission [d’I. Sorzabal et D. Pla] sera prioritaire et que d’autres acteurs sont en train de prendre la responsabilité politique de la résolution des conséquences du conflit". Allusion faite aux différents mouvements travaillant dans ce domaine tels que les Artisans de la paix et autres Forum social pour la paix.

A quelques jours de la manifestation de Paris en faveur du processus de paix, elle considère que la société civile a pris en charge la résolution "complète" du conflit. Elle tient pour preuve l’engagement de mouvements et d’institutions dans la défense des droits des prisonniers. Elle constate également que la gauche abertzale a doublé d’effort pour recueillir les contributions des militants incarcérés. "La libération des prisonniers est devenue le défi du Pays Basque", estime ETA.

"ETA ne dirige pas leurs actions"

Elle précise, par ailleurs, qu’elle n’a aucune autorité sur les prisonniers basques : "ETA a complètement intégré que les prisonniers politiques dépendent du Collectif [EPPK], qu’ils adhèrent au projet politique de la gauche abertzale […]. De fait, il va de soi qu’ils n’obéissent pas à ETA et qu’ETA ne dirige pas leurs actions".

Ce n’est pas un point de vue partagé par tous. Jeudi dernier, le secrétaire général de l’Administration pénitentiaire espagnol, Angel Yuste, a défendu la politique de dispersion dont font l’objet les détenus basques, car "ETA continue à vouloir contrôler les prisonniers comme il le fait depuis des années". Une politique qui aurait prouvé son efficacité selon lui et qui serait compatible avec la loi.