Goizeder TABERNA

Procès Nérin : les faits et leur contexte

Le procès en appel pour la mort du policier Jean-Serge Nérin est en cours. Les accusés ont pris la parole à plusieurs reprises pour présenter les circonstances dans lesquelles les faits se sont déroulés.

X. Goienetxea a affirmé à la barre que la décision de cesser la lutte armée avait à l'époque immédiatement été transmise aux gouvernements français et espagnol.
X. Goienetxea a affirmé à la barre que la décision de cesser la lutte armée avait à l'époque immédiatement été transmise aux gouvernements français et espagnol.

Le procès ouvert le 20 novembre va durer un mois. Quatre membres d’ETA se sont présentés devant la cour d'assises spéciale de Paris pour braquage et meurtre d'un policier français. Jean-Serge Nérin avait été tué en 2010 lors d’échanges de tirs entre les forces de police et les militants. Paradoxalement, l’organisation indépendantiste venait de prendre la décision de cesser son activité armée.

"Il faut contextualiser cette action dans la logique de la décision prise au début de l’année par l’ETA d’arrêter ses actions armées", a indiqué Xabier Goienetxea, un des accusés. Lisant un texte que MEDIABASK s’est procuré, il a insisté sur le fait que cette confrontation était fortuite : "Le 16 mars 2010, la tentative d’ETA de se fournir en voitures a mal tourné, laissant comme bilan, malheureusement, la mort d’un policier français."

La procédure en appel concerne Arkaitz Agirregabiria, Izaskun Lesaka, Josu Urbieta et Xabier Goienetxea, mais deux autres membres d’ETA ont été jugés en première instance pour ces mêmes faits. Mikel Karrera avait été condamné à perpétuité, Joseba Fernandez à 16 ans de prison. Les quatre autres accusés s’étaient vus dicter des peines allant de 14 à 25 ans d’incarcération.

Le président de la cour a précisé en début de procès que certains délits pourraient être requalifiés, notamment ceux de A. Agirregabiria et de Josu Urbieta, et leurs peines pourraient être revues à la hausse. Le premier jour d’audience, le président Stéphane Duchemin a reproché aux accusés qu’ils se servent du procès pour diffuser des "messages politiques", rapporte le quotidien Gara, plutôt que pour donner des explications sur les faits qui leurs sont reprochés.

Jamais été une cible

Les explications sont venues le jour suivant. X. Goienetxea a justifié le vol de voiture par les mesures nécessaires pour mener à bien la réflexion sur le changement de stratégie qui germait après des mois de débat interne. Il a rappelé que les forces de police françaises n’ont jamais été une cible d’ETA. Et a fait siennes les paroles tenues par un de ses camarades en 2013 devant les juges : "ETA veut exprimer son regret à ceux, citoyens et citoyennes, qui, sans avoir aucune implication dans ce conflit, ont été affectés par l’activité d’ETA."

X. Goienetxea a retracé les événements qui ont marqué le processus de paix depuis 2009. Une façon de situer aussi le procès en cours dans son contexte. Il a également écarté les soupçons de divergences, en tout cas significatives, qu'il pourrait y avoir au sein d’ETA quant au changement de stratégie et a prononcé des paroles fortes : "Nous sommes fiers du chemin parcouru par ETA pour surmonter tous les obstacles et devenir une organisation non armée." Le premier jour du procès, son camarade Arkaitz Agirregabiria a annoncé qu’ils participaient au procès pour présenter des propositions sur la résolution du conflit.