Caroline MALCZUK

Pour Martine Bisauta, l'agglo peut agir sur l'impact environnemental

Tous les voyants de la planète sont au rouge. L'agglomération Pays Basque est en train d'écrire son projet pour le territoire et de définir un Plan climat. Mais si elle dispose de leviers pour agir, elle fait aussi face à des freins, alerte celle en charge de la Transition écologique et énergétique.

Martine Bisauta © Bob Edme
Martine Bisauta © Bob Edme

"La volonté politique n’est pas au rendez-vous." Martine Bisauta, en charge de la transition énergétique au sein de la Communauté Pays Basque, se dit assez "pessimiste" quant à l’avenir de la planète. Lundi, 15 000 scientifiques tiraient de nouveau la sonnette d’alarme. Ils appellent à mettre en place des mesures concrètes. Mais si le désengagement de certains états comme les Etats-Unis est une mauvaise nouvelle, "il y a des possibilités d’agir localement" affirme-t-elle.

"Bien entendu, les collectivités ont un rôle à jouer !" Et l’agglomération Pays Basque peut agir sur les volets du bâtiment et de la mobilité, "les deux plus grands émetteurs" de gaz à effet de serre (GES). Martine Bisauta imagine par exemple que le réseau de chaleur bois mis en place à Bayonne, qui permet de diminuer de façon importante les émissions de GES, soit étendu à d’autres communes du territoire. Même si elle reconnait que le mix énergétique - l’utilisation de plusieurs sources d’énergie plutôt que celle exclusive des énergies fossiles - demande un "effort considérable".

Quand à la mobilité, "je râle depuis des années pour des parkings de covoiturage" s’agace-t-elle. Selon Martine Bisauta, "on ne peut pas parler de covoiturage si on ne donne pas les moyens que cela se fasse". Et à Bayonne, les automobilistes se rabattent effectivement sur le parking de l’Intermarché du rond point du Grand Basque, faute d’espaces dédiés. Elle veut également encourager les Plans déplacement entreprise (PDE). Voire des plans inter entreprises. Afin de mutualiser les trajets des employés. "On va le faire" promet-elle.

Un plan climat pour 2018

Martine Bisauta confirme que l’agglomération a une part de responsabilité. Mais veut aussi s’appuyer sur les initiatives des citoyens, des associations, des entreprises ou de la Région pour mettre en place le Plan Climat Energie Territorial (PCAET). Il est obligatoire pour les EPCI de plus de 50 000 habitants. Elle espère que la feuille de route des actions sera écrite pour fin 2018.

"On le travaille au jour le jour. On rencontre toutes les directions. On essaye de travailler au plus près" explique Martine Bisauta. Mais à ce stade déjà, elle dit faire face à des réticences. Car mettre des choses en place, cela veut dire "embaucher des gens". Et la question de l’impact environnemental n'est pas systématiquement mise sur le haut de la pile des priorités. Voire est parfois prise en compte en dernier lieu. Tandis que la situation, elle, est de plus en plus alarmante.

Mais si les collectivités font preuve de bonne volonté, l’État français ne les aide pas toujours à aller au bout des projets. Le 10 novembre dernier, l’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air, réunie à Dijon, avait fait part de ses inquiétudes sur la pérennisation des projets "Territoires à énergie positive pour la croissance verte". Le Pays Basque est labellisé depuis 2015.

En cause, une circulaire du ministre de la Transition écologique datant de fin septembre qui demande aux préfets de région de réduire le financement de projets lancés par les collectivités. Les membres de l'alliance dénoncent un désengagement de l’État et demandent que les engagements pris par les précédents gouvernements soient tenus. "On risque de ne pas avoir les crédits promis" s’inquiète Martine Bisauta. Sauf que "les actions sont engagées". Et elles représentent environ un million d’euros à l'échelle du Pays Basque.