Goizeder TABERNA

Les opposants aux mines d'or déterminés

Une manifestation a dénoncé à Bayonne le projet de mines d’or porté par la société Sudmine. Habitants de la zone concernée, agriculteurs et élus sont venus en nombre.

L'opposition au projet de mines d'or fait l'unanimité parmi les maires du périmètre concerné. © Isabelle MIQUELESTORENA
L'opposition au projet de mines d'or fait l'unanimité parmi les maires du périmètre concerné. © Isabelle MIQUELESTORENA

La pluie n’a pas empêché les opposants au projet d’exploration de mines d’or de manifester. Ils s’étaient donnés rendez-vous devant la salle Lauga. Près de 2 500 personnes selon les organisateurs - 1 800 selon la Police - ont manifesté dans les rues de Bayonne.

Après avoir organisé des réunions et des rassemblements dans le périmètre concerné, le collectif Stopmines EH a monté la contestation d'un cran en défilant dans la capitale labourdine. Une démonstration de force alors que le gouvernement doit se positionner sur la demande d'exploration de la société Sudmine. Les opposants attendent toujours la réponse du ministre de l’Economie. Mais pour l’instant, le dossier est entre les mains de la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN).

En tête de cortège, les membres des collectifs. "Non aux mines d'or en Euskal Herri" dit la banderole. Derrière eux, les élus. La majorité des onze communes concernées par la demande de permis dit de "Kanbo" y était représentée.

Levée de bouclier

Le président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, Jean-René Etchegaray (UDI) s’est joint à eux ainsi que le député de la circonscription appartenant à la majorité présidentielle, Vincent Bru. Son prédécesseur, Sylviane Alaux (PS), y était également. Les conseillères régionales Sandrine Derville (PS), Emilie Dutoya (PS) et Alice Leiciagueçahar (EELV), les conseillères départementales Isabelle Pargade et Marie-Christine Aragon aussi.

Une fois à l’esplanade Roland Barthe, le temps des prises de parole est arrivé. Thierry Michel a rappelé au nom du collectif les propos tenus par le président de la société Sudmine Christian Vallier : "S’il y a une levée de boucliers de la part de la population, on se retire du projet." Et le collectif l’a pris au pied de la lettre. "Et bien voilà Vallier. Regardes, entends ! Ici tout le monde est contre. La population, tous les élus, et même les chambres consulaires."

Quoi qu’il arrive, le collectif compte faire barrage au projet. Une détermination que C. Vallier a pu constater jeudi dernier devant sa maison. Bizi y avait organisé une action choc. Histoire de garder le contact avec lui, à Bayonne, Bizi a distribué des tracs avec son numéro de téléphone et son adresse, incitant les manifestants à lui envoyer "des messages d'amour".

"Notre territoire veut avoir son mot"

Depuis l'estrade, Jean-René Etchegaray a prévenu : "Notre territoire veut avoir son mot à dire et aujourd'hui, on dit non !" Il a rappelé la responsabilité des habitants du Pays Basque qui ont reçu une terre de leur ancêtre. L'argument environnemental est revenu dans la bouche d'Isabelle Capdeville, représentante de l'Inter-amap : "Ce projet d’extraction, c’est la pollution de l’eau pour toujours. Et ce qui s’est passé ailleurs nous le prouve."

Autre crainte des opposants, les conséquences sur l’économie locale dans ce territoire aux nombreux AOC. Mais aussi sur les activités qui dépendent de l’agriculture, notamment la gastronomie locale. "Ce genre de projets est néfaste pour la démarche de qualité que développe le Pays Basque depuis de nombreuses années", a dénoncé Panpi Olaizola, vice-président d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara et membre du collectif Stopmines EH.

Depuis la Bretagne

Il a passé le micro à Lucie Guillo. Venue avec un délégation depuis la Bretagne, elle a témoigné sur les trois projets miniers que la société australienne Variscan développe dans ce territoire. Cette dernière a annoncé en début de semaine un programme de travaux conséquent pour cette année alors que les collectivités locales s’y opposent. "Guyane (7 ha de forêt primaire menacée pour l'or), Creuse, Haute Vienne, Ariège, Sarthe, Maine, Loire Atlantique, Bretagne et Pays Basque. Tous ces territoires peuvent-ils être sacrifiés au nom de choix industriels que nous refusons ?" a-t-elle demandé devant les manifestants.

Pour Lucie Guillo, il ne reste pas d’autre solution que de faire bloc contre la relance de l'activité minière sur tous les territoires.