Béatrice MOLLE-HARAN

Tour de chauffe contre la réforme du code du travail

EDITO - “Manifestation ravivée par les propos peu présidentiels d’Emmanuel Macron assimilant les opposants à la réforme à des fainéants, des cyniques ou des extrêmes”

Malgré les prévisions les plus pessimistes, la mobilisation contre la réforme du code du travail à une époque peu propice pour ce genre d’exercice a réuni des milliers de manifestants tant dans l’Etat français qu’au Pays Basque, comme à Bayonne où entre 2 000 et 4 000 personnes ont défilé mardi dernier. Bayonne où un front social s’est créé et où plusieurs associations culturelles se sont également mobilisées.

Manifestation ravivée par les propos peu présidentiels d’Emmanuel Macron assimilant les opposants à la réforme à des fainéants, des cyniques ou des extrêmes. Oubliant, ou ignorant par la même, que les salariés n’ont que leur force de travail pour vivre.

C’est en 1910 que le code du travail a été créé, suite à l’accident de Courrières en 1906 où 1 099 mineurs ont perdu la vie lors d’un coup de grisou. Le patron avait refusé de faire rechercher les survivants et avait ordonné la reprise du travail dès le lendemain. Pourtant, quelques jours après, une dizaine de survivants avaient été retrouvés et un ministère du Travail fut créé afin de le séparer du ministère de l’Economie, trop inféodé au patronat.

Une évocation d’un temps fort heureusement révolu que d’aucuns estimeront exagérée. Pourtant, ce qui se profile avec cette réforme est un véritable changement de valeurs pour la société dans son ensemble. Concernant notamment la protection sociale héritée du Conseil national de la Résistance, qui lie cette protection au contrat de travail. Si la réforme va au bout avec la suppression du salaire brut, le nouveau système sera financé par la contribution sociale généralisée (CSG), l’argent sera affecté à la discrétion des pouvoirs publics avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. En contre-feu, le gouvernement Macron parle de “flexisécurité” et promet de faire la part belle à la formation face à une précarité galopante. Sans en préciser le financement.

Le catalogue des mesures contenues dans les ordonnances donne le vertige. A la fin du mois viendra la concrétisation des mesures budgétaires, la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Les syndicats marchent pour le moment en ordre dispersé et au sein de l’Etat français seuls 8 % des salariés sont syndiqués. Il n’empêche que l’assurance du Gouvernement s’appuyant sur la légitimité des urnes pourrait être mise à mal dans les semaines qui viennent.

Ez adiorik Xan Marguirault !

Nous avons appris le décès de Xan Marguirault militant basque, premier détenu de l’organisation Iparretarrak dans les prisons françaises. Au-delà des différences de stratégies, des conflits entre semblables inhérents à tout engagement politique, le parcours de Xan témoigne de la prise de conscience dans les années 70 de la jeunesse du Pays Basque Nord. Jeunesse constatant la fermeture des entreprises, le départ des forces vives avec comme corollaire la volonté de revenir au pays, de défendre son identité et de construire un avenir. Plus tard, il s’investira dans la défense des peuples autochtones reliant ainsi le local avec l’universel. Le parcours militant de Xan Marguirault au-delà même de ce que l’on peut en penser s’inscrit dans une dynamique d’un chemin qu’il a fallu parcourir. Passant d’abord par une prise de conscience, et ils et elles n’étaient pas si nombreux(ses) à l’époque, puis par des évolutions. Prise de conscience qui aura permis de semer des germes pour demain.