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EPPK écrit une nouvelle étape

Le débat interne initié par le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) a donné lieu à un résultat net et clair : la participation a été de 87,2% et les votes en faveur du document de base qui dresse une feuille de route pour parvenir à des rapprochements et des libérations de détenus ont atteint 73,4%. A la veille de compléter ce texte et élire une nouvelle direction, une nouvelle étape s'ouvre.

Les ex-prisonniers et réfugiés réunis à Usurbil en 2016 avaient apporté leur soutien total à la démarche rendue publique en 2013 par EPPK. © Jon URBE
Les ex-prisonniers et réfugiés réunis à Usurbil en 2016 avaient apporté leur soutien total à la démarche rendue publique en 2013 par EPPK. © Jon URBE

Le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) a approuvé à une grande majorité le document de base de son débat interne, avec 221 voix pour et 42 contre. Un débat qui ouvre le champ à des options inédites jusqu’à présent avec pour objectif de résoudre point par point la question carcérale avec le retour des détenus chez eux. Conséquence : la "phase de résistance" est désormais dépassée, selon le document lui-même.

Dans un communiqué remis à Gara, EPPK détaille ainsi tous les résultats de ce débat dans un exercice de transparence aussi nouveau. Il rappelle que la dispersion des détenus rend impossible le succès d’un consensus total entre eux. Il souligne tant le très fort taux de participation (87,2%) que le soutien à la proposition formulée par la direction (73,4% de oui, 14% de non, près de 6% de votes blancs et 6,6% restants qui ont préféré ne pas se prononcer).

Le Collectif conclut que la proposition "a obtenu une large adhésion". Il remarque la présentation de 91 contributions, individuelles ou collectives, dont l’introduction dans le document sera abordée à partir de maintenant afin de donner corps au texte final au cours de cet été. Une autre phase qui devra être enclenchée est l’élection de huit personnes détenues qui composeront la direction du Collectif, parmi les 44 noms les plus citées.

En tout, 40 membres d’EPPK ont refusé de participer au débat interne. Le collectif souligne que les raisons de ce refus sont diverses : être près de la sortie de prison, maladie, impossibilité technique, libre décision de ne pas y participer, se placer hors du collectif. Les raisons avancées par ceux qui ont montré leur divergence sont aussi nombreuses. Trois se démarquent : "ils considèrent comme une erreur la ligne politique mise en oeuvre, ils alertent sur l’impossibilité de la développer et ils considèrent qu’elle rendra difficile, voire impossible le maintien de l’unité du collectif." Par-dessus tout, le collectif souligne que tant ceux qui ont voté pour que ceux qui ont voté contre partagent une même "inquiétude, à savoir comment renforcer la voie la plus adéquate pour être acteurs du processus de libération du Pays Basque".

Nouvelle stratégie

Les conséquences de cette décision annoncent une étape absolument nouvelle, en misant totalement sur la voie légale pour parvenir à des libérations. Une voie entendue comme "un espace de confrontation" qui doit être abordée avec unité, solidarité et union avec le peuple. Ainsi, à l’avenir, selon le document déjà approuvé, "ce sera chaque prisonnier qui décidera bénéficier ou non des possibilités offertes par la voie juridique, ce sera chaque détenu qui décidera ou non d’utiliser les différentes demandes ou canaux légaux (remises de peine, liberté conditionnelle, rapprochement vers le Pays Basque, permissions, changements de titre…), et compte tenu que la ligne a été approuvée de façon collective, il pourra compter à chaque moment sur le soutien et l’aide du collectif".

Le texte approuvé rappelle que sur ce chemin il faudra agir "avec beaucoup de flexibilité" étant donnée la position des Etats. Et il réitère les deux lignes rouges déterminées par le collectif il y a longtemps que sont "le repentir et la dénonciation".

Dans le futur, la transparence restera de mise, selon le communiqué. "Il serait trop complexe ici d’expliquer quand chacun obtiendra sa liberté […] Mais dans cette ligne qui regarde l’avenir, nous avons l’intention de partager avec la société civile le dossier juridique et pénal de chacun afin que tous nous soyons conscients de ce à quoi nous faisons face et que nous puissions faire ces pas avec l’appui populaire."

Le communiqué du EPPK fait mention d’autres faits d’actualité tels que les sept accidents provoqués par l’éloignement ou la situation des détenus malades. EPPK remercie tous ceux qui rendent possible ce débat et appelle à participer à la Marche de la liberté ou la 20ème édition de "Hartortxurock ", qui ont lieu tous deux ce mois-ci. Le collectif annonce en outre un soutien particulier à l’initiative des Artisans de la paix à Paris le 9 décembre prochain.