Virginie Bhat

La société civile lance un appel au 8 avril

Ce sont cinquante-trois noms de la société civile, élus, représentants de syndicats, d'associations... qui ont lancé ce matin un appel à la journée du désarmement du 8 avril. Une journée qui se déroulera à Bayonne.

La société civile appelle à la journée du désarmement du 8 avril. ©Isabelle MIQUESLTORENA
La société civile appelle à la journée du désarmement du 8 avril. ©Isabelle MIQUESLTORENA

Nouvelle étape franchie ce matin à Bayonne vers le désarmement total d’ETA. Devant une armada de micros et de stylos de la presse, des représentants de la société civile ont lancé un appel à la journée du désarmement du 8 avril. Un appel cosigné par cinquante-trois noms, élus locaux, syndicalistes, membres d’associations, paysans, écrivains ou journalistes.

"Nous décidons aujourd’hui d’être des artisans de la paix en Pays Basque, et d’appeler à la journée du désarmement du samedi 8 avril. Nous participons à cette journée, et invitons tout(e)s les citoyen(ne)s soucieux d’une paix juste et durable à nous rejoindre. Le samedi 8 avril soyons des milliers d’artisans de la paix à contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque", ont lu chacun leur tour Maite Irazoqui, ancienne directrice diocésaine de l’enseignement à Bayonne et membre d’Atxik Berrituz et Franz Valli, ancien président d’Emmaüs France et membre de la Maison de l’Europe à Bayonne. La première en basque, le second en français.

L’appel lancé rappelle que les différentes requêtes adressées au Gouvernement français pour qu’il s’implique dans cette première étape vers une résolution définitive du conflit en Pays Basque sont restées lettres mortes à ce jour. "Dans ce contexte se tiendra le samedi 8 avril une journée du désarmement au terme de laquelle l’ETA sera une organisation totalement désarmée."

Ordonné et supervisé

Les signataires restent persuadés pourtant que la participation de l’Etat français "à un processus de désarmement de l’ETA ordonné et supervisé par des experts internationaux reste la meilleure option". Ils n’ont pas encore perdu l’espoir que le pas soit franchi dans les jours qui viennent.

Les contacts entre tous les partenaires sont maintenus et la Commission internationale de vérification est l’un d’eux, a confirmé Michel Berhocoirigoin. Ce dernier n’en dira pas plus sur l’état de leur avancement. Avec les autorités françaises, le fil du contact n’est pas coupé jusqu’au 8 avril. "Je pense que, y compris pour Madrid", le désarmement total et unilatéral "serait une bonne nouvelle !" commente "l’artisan de la paix" qui a remarqué que le ton des autorités espagnoles était moins abrupt.

Pour autant, les "artisans de la paix" ne perdent pas de vue la journée du 8 avril. A défaut d’implication des autorités françaises, elle aura bien lieu ; ils continuent donc à la préparer activement.

C’est à Bayonne qu’elle se déroulera. De quelle façon sera-t-elle orchestrée ? Pour l’heure, les organisateurs restent dans un prudent mutisme. Iñigo Urkullu, président du Gouvernement basque pourrait-il y participer ou y déléguer un de ses représentants ? Comment les armes seront rendues ? Et à qui ? Quels seront les experts internationaux qui auront pour mission la vérification du désarmement ? Autant de questions aujourd’hui restées sans réponse. Le comment de cette journée du 8 avril n’était pas à l’ordre du jour.

Des modalités de l'organisation du 8 avril, Max Brisson n'en connaît rien. "Elles ne m’appartiennent pas. Ce dialogue est entre les artisans de la paix les autorités judiciaires et politiques de notre pays et l’organisation."

A titre personnel

Le vice-président du Conseil départemental et conseiller municipal (LR) de Biarritz est "là parce qu'[il] crois nécessaire que le Gouvernement français, que les plus hautes autorités de l’Etat, politiques et judiciaires, répondent à la demande de désarmement total unilatéral de l’organisation ETA et répondent à la société civile. Une société civile qui est là parce qu’il y a défaillance des autorités de l’Etat." Pour l'élu, c’est poutant à l'Etat de répondre et de mettre en oeuvre les procédures. "Les élus, quelles que soient nos sensibilités, et à titre personnel en ce qui me concerne, sont là pour donner du retentissement à cet appel."

"Je suis là à titre personnel, a commenté Frédérique Espagnac, sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques et porte-parole du candidat Benoît Hamon. Nous nous étions engagés lors de la Conférence internationale d’Aiete, il était logique que cinq ans après nous soyons là."

Frédérique Espagnac rappelle que pour la première fois Bernard Cazeneuve a ouvert la porte. Pour autant, l’Etat français est le garant de l’Etat de droit et est en même temps en état d’urgence. "Remettre les armes n’est pas simple." C’est la justice -indépendante- et la police qui sont les interlocuteurs dans ce cadre.

S’il est facile d’indiquer au procureur des coordonnées GPS de caches d'armes, quid des personne qui les détiennent ? Et c’est peut-être là l’un des points d’achoppement avec les "artisans de la pai"x qui demandent qu’elles ne soient pas poursuivies.