Caroline Malczuk

Désarmement : la réponse ‘lamentable, irresponsable, inacceptable’ du gouvernement

Les abertzale dressent un bilan sévère du quinquennat de François Hollande, axé sur la question du désarmement. Un vocabulaire volontairement dur qui se base sur un flagrant manque de volonté politique.

EH Bai dresse un bilan "franchement négatif" du quinquennat de François Hollande. ©Bob EDME
EH Bai dresse un bilan "franchement négatif" du quinquennat de François Hollande. ©Bob EDME

EH Bai ne mâche pas ses mots pour parler du bilan du quinquennat de François Hollande quant à la question du désarmement. A vrai dire, le mouvement politique le résume en trois adjectifs : "lamentable, irresponsable, inacceptable." Il veut mettre "un acte d’accusation" sur la table de la campagne présidentielle. Bien que l’heure soit plutôt pour François Flllon et Marine Le Pen à régler des comptes avec la justice et pour Benoît Hamon à tenter laborieusement de rassembler son camp.

Un regret déjà, celui d’un rendez-vous loupé par le gouvernement. "Toutes les conditions politiques étaient pourtant réunies" pour tourner la lourde page du conflit armé avec ETA, selon EH Bai. "Les choses auraient pu commencer d’une autre façon avec la conférence d’Aiete", soulignent-ils.

Dès octobre 2011, il est inscrit dans la déclaration d'Aiete que "mettre un terme à la dernière confrontation armée d’Europe" est possible "avec le soutien des citoyens et de leurs représentants politiques, ainsi que le soutien de l’Europe et, plus largement, de la communauté internationale".

"Déni de souveraineté"

Avec un écho au Pays Basque Nord, en décembre 2012. "Il y a un large accord politique." Neuf élus basques, toutes étiquettes confondues, signent la déclaration de Bayonne qui rappelle "la nécessité d’un dialogue entre, d’une part, les gouvernements espagnols et français et, d’autre part, des représentants de l’ETA sur les questions du désarmement et des conséquences du conflit".

Mais "malgré tout cela, l’Etat français s’est aligné à l’Etat espagnol", dénonce EH Bai qui se pose la question du "déni de souveraineté". Exemple lors des interpellations de cinq membres de la société civile, menées en décembre, à Louhossoa. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, se félicite "d’une excellente coopération entre les services et avec les autorités espagnoles". Imbroglio. La motivation des personnes interpellées, des pacifistes, était de détruire une partie de l’arsenal d’ETA. 

"L’Etat français est irresponsable vis-à-vis des jeunes, des nouvelles générations. Car la réponse qu’il donne est la violence, la répression", interprète EH BAI. "C’est un message négatif et dangereux. Nous continuerons à le dénoncer", avertit-il.

Détenus gravement malades

Les abertzale veulent aussi continuer de dénoncer la politique de dispersion appliquée par l’Etat français alors que 80 détenus basques sont répartis dans 24 prisons françaises. Ils pointent du doigt la situation des détenus gravement malades. Comme celle d’Oier Gomez, incarcéré à la prison de Meaux, dont l'état est critique. "Nous demandons sa libération et la levée de son statut de détenu particulièrement signalé." Une manifestation est organisée le 25 mars. "Tout cela n’a pas changé voire s’est aggravé. Les choses n’ont fait, au mieux, qu’empirer", conclut EH Bai.

Le discours semble avoir pourtant changé à Paris, depuis Louhossoa. Avec un Benoît Hamon, alors en campagne pour la primaire de la gauche au Pays Basque en janvier, qui affirme que l’Etat français doit s’impliquer dans le processus de désarmement. Et un Jean-Marc Ayrault, en déplacement à Biarritz en février, qui appelle à un désarmement au plus vite.

Mais quand bien même les socialistes restaient aux rênes de l’Etat, EH Bai espère peu. "Les socialistes ont fait beaucoup de promesses. La réalité est venue contredire les déclarations. Nous restons très prudents, très circonspects. Mais prêts à discuter pour aller de l’avant."