Caroline MALCZUK

Désarmement : le Forum social propose sa méthode

Le Forum social a publié un document qui encourage le processus de désarmement. Il appelle les gouvernements de Lakua et Nafarroa, la société civile et la communauté internationale à y participer. Et interpelle les chefs d’Etat de Paris et Madrid à qui il demande de ne pas "tronquer ce moment d’espoir" mais de prendre part à "un désarmement contrôlé et transparent".

Le Forum Social encourage de nouveau les chefs d'Etat à s'impliquer dans le désarmement d'ETA. © DR
Le Forum Social encourage de nouveau les chefs d'Etat à s'impliquer dans le désarmement d'ETA. © DR

Le Forum social permanent vient de publier un document intitulé "Pour un désarmement consensuel, ordonné et vérifié internationalement". Avec celui-ci, il veut impliquer davantage la société civile et l’informer sur le processus du désarmement d'ETA. Son objectif est de partager "ce moment du processus de désarmement d’ETA avec le maximum d’institutions, d’acteurs et de personnes possibles et d’informer sur nos propositions pour faire avancer la résolution du conflit dans un délai raisonnable".

Ne pas retarder

Après que des réunions se sont tenues avec différents acteurs sociaux, politiques et syndicats basques, le Forum a constaté qu’ils se sont tous accordés à "faire avancer un processus de désarmement par la destruction des stocks d’ETA". Ce processus doit se faire dans "un délai raisonnable" et selon "un calendrier convenu". De plus, il doit être vérifié à l’échelle internationale et réalisé avec "l’ensemble de la société basque et de ses institutions" ainsi que les Etats concernés.

Pour ce faire, il est nécessaire de mettre un certain nombre de propositions sur la table, en exhortant les gouvernements français et espagnol de faciliter le travail de destruction des armes, des munitions et des explosifs. Ou "au moins de pas le gêner". Car ce serait "retarder un processus de désarmement souhaité par l’ensemble de la société basque".

"Pour tous les citoyens européens"

Dans son document, le Forum pense que, une fois l’inventaire de l’arsenal fait, le processus de destruction des armes nécessite une "surveillance par la Commission internationale de vérification", avec le soutien des institutions basques, de la société civile et de la communauté internationale. Dans ce sens, il est prévu, dans les parlements de Gasteiz et d’Iruñea, de mettre en place des liaisons directes avec la surveillance de la Commission de vérification afin de suivre en temps et en heure ce processus de destruction.

Le Forum préconise qu’une commission similaire soit constituée par le Pays Basque Nord et par les gouvernements de Nafarroa et Lakua, étant donné leur responsabilité de garantir la sécurité et l’ordre public. L’organisation suggère aussi une rencontre entre une "société civile organisée" et les gouvernements, et exprime sa volonté de coopérer avec la CIV, les institutions et les différentes parties prenants. Enfin, elle s’engage à discuter du processus de désarmement avec les instances européennes et internationales, "car un processus de destruction d’armes, d’explosifs et de munitions est une bonne nouvelle pour tous les citoyens européens".

Changement de position

Le Forum social pointe deux initiatives récentes en terme de désarmement. La proposition positive d’Iñigo Urkullu d’abord. Le président du gouvernement basque a demandé une "participation déléguée". A son avis, elle devrait comprendre "un accord sur les garanties de sécurité". D’autre part, le Forum, rappelant les récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, à Biarritz, se demande s’il parle en son nom ou au nom du gouvernement. Car "toutes les données objectives que nous avons indiquent que le gouvernement français ne souhaite pas participer à un processus ordonné du désarmement".

Le Forum note que son discours représente "un changement de position juste et honnête du gouvernement français". Et réaffirme que "nous, au nom de la société civile, sommes prêts à accompagner ce processus". L’organisation réitère alors son appel lancé à Paris et à Madrid de ne pas "tronquer ce moment d’espoir que vit notre société", d’assumer leurs responsabilités "de manière directe ou indirecte", et de contribuer à un "désarmement ordonné, contrôlé, sûr et transparent en conformité avec les règles internationales".