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Vives réactions après l'agression de la fille d’une détenue basque par son père

Fille de détenue basque, éloignée de sa famille du fait de la politique de dispersion, Izar a été poignardée par son père. Depuis, les mobilisations s’enchaînent au Pays Basque Sud.

La municipalité de Donostia a dénoncé les faits lors d'un rassemblement mardi. @HiriBizia
La municipalité de Donostia a dénoncé les faits lors d'un rassemblement mardi. @HiriBizia

Les faits ont ému. La fille d’une détenue basque, Sara Majarenas, a été poignardée par son père à Valence. Lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, l’enfant de deux ans était encore en vie. Trois jours plus tard, après une prise en charge par le service de réanimation de l’Hôpital La Fe, son état semble s’améliorer.

Izar, la petite fille, vit avec sa mère au centre de détention de Picassent. Sara Majarenas a été arrêtée en 2005. Condamnée à 13 ans de réclusion pour appartenance à l'ETA, elle a rejoint le quartier des mères de cette prison de Valence en 2015.

Son ancien compagnon, Stylianos Messinezis, avait la garde de sa fille le temps du week-end. Dimanche matin, l’homme s’est rendu au commissariat local pour rendre compte des faits survenus à son domicile, reconnaissant qu’il avait asséné deux coups de couteaux à l’enfant. Il croyait sa fille morte mais les secours sont arrivés sur les lieux à temps. Mardi, un juge a envoyé le père en détention provisoire et mis en examen pour tentative d’homicide.

Sara Majarenas a accompli le trois quart de sa peine. Mais comme tout membre d’ETA, l’Etat ne lui accorde pas de libération conditionnelle. Elle devra rester en prison jusqu’en 2018.

Une autre peine

Originaire de Donostia, son entourage dénonce une autre peine, celle de la dispersion. La prison se trouve à 600 kilomètres de la ville natale de la maman où la petite fille suivra sa scolarité une fois qu’elle aura trois ans.

Que ce soit pour dénoncer l’agression sexiste, la dispersion ou les politiques pénitentiaires d’exception, les mobilisations se succèdent. Samedi, un rassemblement est prévu devant l’hôtel de ville de Donostia à l’appel du mouvement citoyen Sare. "Nous dénonçons ceux qui ignorent leurs propres lois, et les normes internationales, sur le respect des droits des personnes détenues", a déclaré le mouvement, faisant allusion au gouvernement espagnol.

Le maire PNV de la ville, Eneko Goia, va demander à l’Administration pénitentiaire espagnole le transfère de la jeune mère à la prison donostiarra de Martutene. "Je crois que dans toutes les circonstances les droits pénitentiaires doivent être respectés. Dans le cas présent, le besoin que cette mère soit le plus près possible de sa fille est criant", a déclaré l’élu lors d’un rassemblement pour dénoncer l’agression de la fille, mardi.

Une photo inhabituelle

L’association des familles de détenus basques a également réprouvé cette "démonstration lâche de violence machiste qui s’applique de façon consciente sur des enfants avec l’intention de faire du mal à la mère".

La mobilisation de mardi a réuni des représentants de partis très divers, comme il est fréquent dans le cas d’agressions sexistes. Des conseillers municipaux et députés provinciaux du PNV, du PSE, d’EH Bildu, du PP et Irabazi… une photo inhabituelle lorsqu’il s’agit de détenus basques.