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Michel Berhocoirigoin : Sans prétention, je crois que cette initiative a changé le panorama

Entendues par le juge d'instruction ce mardi après-midi, les cinq personnes interpellées à Louhossoa le 16 décembre regagneront leur domicile dans les heures qui viennent. A sa sortie du palais de justice, Michel Berhocoirigoin est conscient du processus en cours au Pays Basque Nord.

Stéphane Etchegaray est arrivé à l'aéroport de Biarritz mardi soir. © Isabelle MIQUELESTORENA
Stéphane Etchegaray est arrivé à l'aéroport de Biarritz mardi soir. © Isabelle MIQUELESTORENA

"Soulagé et heureux. Nous avons eu peur, mais ça s'est bien passé", voilà les premiers mots de Michel Berhocoirigoin, quelques minutes après s'être retrouvé libre ce mardi 20 décembre. A l'instar des personnes interpellées avec à Louhossoa, Michel Bergouignan, Jean-Noël Etcheverry, Béatrice Molle-Haran et Stéphane Etchegaray, il n'a pas été envoyé en prison. 

Pendant sa garde à vue pour avoir mis en oeuvre la destruction d'une partie de l'arsenal d'ETA, il était "au courant des mobilisations incroyables" organisées au Pays Basque à travers les avocats. A ce moment-là, il était conscient de l'enjeu : "sans prétention, je crois que cette initiative a changé le panorama".

Entendues ce mardi après-midi par le juge d'instruction en charge de l'affaire, les cinq personnes interpellées lors de l’opération de Louhossoa ont été mises en examen mais placées sous contrôle judiciaire. Un placement requis par le Parquet.

Un signe de l'évolution dont parle M. Berhocoirigoin pourrait être l'abandon de la qualification "d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par le juge d'instruction. Seules sont retenues les charges pour port et transport d'armes de catégories A et B, détention sans autorisation d'armes et munitions de catégorie A et B, détention et transport de substances ou produits explosifs permettant de commettre des infractions de destruction, dégradation ou détérioration de bien par substance explosive.

Pour assumer

Même si ce fut "lourd avec des interrogatoires interminables", M. Berhocoirigoin affirme avoir été "bien traité". Déterminé, il explique s'être lancé dans cette démarche pour assumer : "nous ne voulions pas faire une action clandestine, c'est pour cela que nous voulions la filmer. Apparemment, nous avons été compris".

Michel Berhocoirigoin poursuit : "le but de cette action était d'étaler au grand jour le besoin de sortir de la situation de blocage du processus de paix, de montrer le rôle important de la société civile car nous savons que c'était le cas dans les autres processus de paix".

Concernant le soutien d'élus de tous bords, il avoue que "cela a été incroyable. C'est une spécificité du Pays Basque Nord. Aujourd'hui, sur ce sujet plus que jamais, c'est une richesse que l'on doit préserver". Au-delà du Pays Basque, selon lui, "certaines choses sont possibles dans l’État français et pas dans l’État espagnol. Les choses doivent bouger. Nous faisons ce que nous pouvons. Avec humilité".

Tant que l'instruction est en cours, Michel Berhocoirigoin, Michel Bergouignan, Jean-Noël Etcheverry, Béatrice Molle-Haran et Stéphane Etchegaray ne devront pas entretenir de relations entre eux. Interdiction donc de se rencontrer, de quitter le territoire français et de détenir des armes.

Tubiana pas entendu

Michel Tubiana, président d'Honneur de la Ligue des droits de l'Homme, n'aura pas été entendu comme temoin cet après-midi. 

A présent, Béatrice Molle-Haran, Michel Berhocoirigoin, Jean-Noël Etcheverry, Michel Bergouignan et Stéphane Etchegaray vont retrouver leurs proches au Pays Basque. Ce dernier est arrivé à l'aéroport de Biarritz ce 20 décembre au soir.