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Soupçons d'abus de vulnérabilité dans un carmel du Béarn

Les familles de jeunes soeurs du monastère de Simacourbe s'inquiètent de la radicalisation de leurs proches et viennent de saisir la justice. Une enquête signée Causette.

En 2009, Mgr Aillet accueillait Soeur Joanna dans son diocèse. © Bob EDME
En 2009, Mgr Aillet accueillait Soeur Joanna dans son diocèse. © Bob EDME

Le 21 octobre, le procureur de Pau a ouvert une enquête préliminaire pour "abus de vulnérabilité de personne en situation de sujétion psychologique", suite au dépôt de plainte de la famille d'une jeune sœur du carmel de Notre-Dame de la Rencontre, implanté depuis 2009 à Simacourbe, en Béarn. Le mensuel Causette vient de publier une enquête de quatre pages sur le sujet.

Au coeur de l'article, la mère supérieure du carmel. Soeur Joanna est une femme de 79 ans, "relevée de ses vœux solennels il y a deux décennies" après une enquête "accablante" de Rome où se mêlent "autoritarisme", "cloisonnement des relations entre les soeurs" et "coupures avec le monde extérieur" alors qu'elle dirigeait un monastère en Belgique.

En 1996, elle monte un autre institut carmélitain dans les Hautes-Alpes, qui fermera ses portes en 2007 après une tentative de suicide d'une jeune religieuse et "une décennie de combat" portée par l'Avref (l'Aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles). La mère supérieure sera accueillie en 2009 par Mgr Aillet.

Un parcours retracé en s'appuyant sur les témoignages de religieux l'ayant croisé, des associations d'aides aux victimes de sectes, et deux familles de jeunes religieuses de Simacourbe. Les proches racontent la "métamorphose", le processus de radicalisation lié à l'emprise de la mère supérieure.

Mgr Aillet réfute... et confirme les soupçons

Si Mgr Aillet a refusé de répondre aux sollicitations des journalistes du magazine féministe, il s'est en revanche longuement exprimé sur la page internet du diocèse. Il y réfute une "campagne de presse qui jette un profond discrédit sur cette communauté", une communauté dont il a soutenu et autorisé l'installation dans son diocèse.

Toutefois l'évêque traditionaliste reconnaît avoir eu connaissance de "soupçons" qui ont donné lieu à une rencontre avec la mère supérieure et son conseil, il y a un an de cela. Manifestement les doutes persistent : une visite apostolique, dont les conclusions n'ont pas encore été rendues, a eu lieu du 7 au 15 octobre dans le monastère, explique l'évêque dans sa "mise au point".

Retrouvez l'article dans le n°72 de Causette (dans les kiosques depuis le 2 novembre 2016)