Penser les deux Navarre pour avancer ensemble, le projet n'a pas bougé depuis 2005. Mais la douzième édition du Séminaire des deux Navarre a achevé d'officialiser l'évènement et les relations entre élus et habitants, de part et d'autre de la montagne. Accueillie par les élus et responsables locaux, la présidente de Nafarroa, Uxue Barkos, s'est prêtée au jeu des projections pour un avenir commun.

Jean-Michel Coscarat, maire de Baigorri, a ouvert le bal des déclarations officielles en rappelant le lien fort entre les deux Navarre, unies par la montagne et la langue basque, qui, elle, "n'a pas de frontière". "Depuis toujours Baigorri crée des ponts" : des ponts entre les hommes, en écho à l'accueil des réfugiés de Calais, mais aussi des ponts entre le Pays Basque et sa diaspora.

Un clin d'oeil au projet porté par l'association Etxauzia, représentée par son secrétaire Antton Curutcharry – par ailleurs conseiller municipal. "Le château se veut un endroit ouvert à tous et pour tous", le premier à se concentrer sur l'étude de l'histoire de la Navarre. Un projet dont l'ambition vise aussi à accompagner la diaspora basque, de l'étude de la généalogie à l'accueil des personnes souhaitant revenir au pays, et dont le financement et la promotion passe par l'investissement du plus grand nombre.  

Pour le Département, Max Brisson a souligné son attachement fort à la coopération avec la Navarre et sa présidente, dont les réalisations sont concrètes, a-t-il insisté, autour de différents projets transfrontaliers. Avant d'ajouter la nécessité de poursuivre le travail, notamment celui sur la montagne qui se doit d'être "désaisonnalisé".

Uxue Barkos veut faire progresser ensemble les deux Navarre

Pour sa première visite au séminaire en Pays Basque Nord, Uxue Barkos a tenu à remercier la commune et son maire pour cette journée de rencontre et d'échange d'expériences et d'opinions "sur notre histoire, notre culture". Dans la même veine, la présidente a rappelé le rapport si spécifique à l'émigration, "un chapitre fondamental" ancré dans l'histoire des deux Navarre, saluant l'initiative d'Etxauzia.

En venant à Baigorry, l'occasion est donnée de penser la montagne, a-t-elle ajouté, "maintenir l'activité et la population dans ces noyaux qui forment l'essentiel de notre tradition, de notre réalité actuelle et pour lesquels nous devons faire notre possible afin qu'ils se poursuivent dans les meilleures conditions".  

Un projet aussi politique qu'économique, basé sur le développement de l'activité agricole, les productions locales, l'hôtellerie mais aussi la santé, l'éducation. "Ainsi, nos territoires deviendront des communautés en cohésion, avec une réelle capacité pour avancer et progresser économiquement et socialement."

La réunion, l'échange et l'inter-connaissance au service de l'administration publique, des entreprises et des populations de part et d'autre de la Navarre. Un appel clair aux collectivités, aux associations et aux habitants à "élaborer des idées et des projets pour s'emparer des opportunités offertes par la position privilégiée [des deux Navarre] dans l'ensemble européen."

Entre autres priorités, la présidente de la communauté forale a évoqué les champs concrets de la coordination des services d'urgence, les saisons hivernales, le développement touristique, la sphère sportive et les projets innovants.

Les lignes institutionnelles bougent

Des déclarations inscrites dans un cadre d'évolution institutionnelle : la Navarre réintégrait l'Eurorégion Aquitaine-Euskadi le 18 mars dernier, suite à l'arrivée au pouvoir de Geroa Bai (abertzale) et d'Uxue Barkos. Cette dernière fonde de grands espoirs dans l'arrivée de l'EPCI Pays Basque, "prise en compte administrative de l'histoire" passée et nouvelle opportunité pour celle à venir.