Goizeder TABERNA

Ni vu ni connu, le terrain a été vendu

La Safer n'aurait pas signalé aux syndicats la vente de terres agricoles situées à Came dont l'acquèreur est Jean-François Lasserre, le fils du président du Conseil départemental. Ce qui aurait empêché le recours à la préemption, selon ELB.

Les terres achetées par Jean-François Lasserre se trouvent à Came. © Gaizka IROZ
Les terres achetées par Jean-François Lasserre se trouvent à Came. © Gaizka IROZ

Le syndicat ELB dénonce la rétention d’information par la Safer sur la vente d’un terrain agricole de 20 hectares, à Came. La Société d’aménagement foncier et d’établissement rural aurait reconnu auprès du syndicat paysan ne pas avoir communiqué la notification concernant cette vente dont l’acquéreur est Jean-François Lasserre, fils du président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques.

Les membres d’ELB ont eu vent de la transaction par le bouche à oreille. "En principe, on met au courant les syndicats, les paysans hors-cadre en sont informés et les personnes intéressées peuvent présenter leur candidature. A ce moment-là, ils sont prioritaires", explique Edouard Exilard, membre de la commission foncier ELB. Dans le cas présent, J.-F. Lasserre a acheté 17,5 ha de culture et 2,5 de bois sans avoir affaire à aucun contradicteur.

"Je ne suis pas un tricheur, se défend l'intéressé. Nous avons fait l'acte notarié après que la Safer ait signé. Ce qu'elle a fait ou n'a pas fait, moi, je ne sais rien". Entre le jour férié du 14 juillet et la fin de semaine, MEDIABASK n'a pas réussi à joindre de représentant de la Safer.

La vente s'est déroulée cet hiver et le syndicat explique que lorsqu’il l’a su, le délai pour exiger la préemption du terrain par la Safer était passé. "Quel hasard de voir que ce couac technique comme l’explique la Safer se produit justement au bénéfice d’une famille illustre !", a relevé le syndicat, alors que J.-F. Lasserre crie à l'amalgame.

Aux petites fermes alentour

E. Exilard d'ELB aurait préféré que le terrain revienne à un paysan hors-cadre familial, mais il est trop tard. Il demande donc au nouveau propriétaire, déjà exploitant agricole et employé au Conseil départemental à plein temps, de proposer une partie de ce foncier à des paysans souhaitant s’installer ou à des petites fermes alentours. Jean-François Lasserre se dit prêt à s'expliquer avec les membres du syndicat.

Aujourd'hui double actif, à terme, il voudrait se consacrer au métier que sa famille lui a transmis. Il cultive du maïs et élève des vaches à viande. Installé à Bidache, sur les 30 ha qu'il possédait 26 étant inondables, il a cherché à faire l'acquisition de terres sèches. La Safer devra dire si les choses ont été faites dans les règles.