Bénédicte Saint-André

Tarnos s'invite dans l'EPCI Pays Basque

Une délibération municipale prévoit que la commune landaise adhère à l'Agglomération côte-basque Adour. 

Le tram'bus devrait venir renforcer le réseau Chronoplus sur 25 kilomètres. ©DR
Le tram'bus devrait venir renforcer le réseau Chronoplus sur 25 kilomètres. ©DR

Comme tout ce qui a trait à l'EPCI Pays Basque, la gestion des transports en commun incluant le voisin landais Tarnos aura fini par prendre un tour politique singulier, et celui-là pour le moins inattendu en ce mois de juin. Ce mercredi en effet, le conseil municipal tarnosien votera une délibération proposant à la Ville de rejoindre l'Agglomération côte-basque Adour, qui a pourtant vocation à disparaitre au 1er janvier 2017 au profit de l'EPCI Pays Basque. Retour sur cet épisode un brin surréaliste.

Jusqu'alors Tarnos était partie intégrante du STACBA, le syndicat organisant le transport en commun pour le compte des cinq communes de l'Agglomération côte basque-Adour ainsi que pour Tarnos et Saint-Pierre d'Irube. Mais avec la loi NOTRe, et donc l'avènement de l'EPCI Pays Basque, la question de l'organisation des transports en commun se pose. D'autant qu'outre le réseau actuel de bus, un projet de tram'bus dont la ligne 2 rallie Tarnos au sud de Bayonne, devrait voir le jour à l'horizon 2019.

Inquiets, les tarnosiens se saisissent de l'affaire et le collectif citoyen Touche pas à mon bus est créé, structuré en association depuis ce lundi 20 juin. Le maire communiste de la Ville Jean-Marc Lespade interpelle quant à lui le sous-préfet de Dax, la préfète des Landes ainsi que le secrétaire d'Etat chargé des transports Alain Vidalies, exigeant une réponse concrète sur l'organisation future. "Aujourd'hui, je n'ai aucune garantie pour mes administrés, c'est inadmissible", tonne-t-il.

De leur côté, les défenseurs de l'EPCI crient à la manipulation et défendent bec et ongles que les ateliers d'Hasparren ont anticipé la problématique en actant le maintien de Tarnos dans la future organisation. Par ailleurs, Claude Olive lui-même, président à la fois du syndicat des transports et de l'Acba et pourtant opposé à la future agglo, a précisé lors du vote de la subvention pour le tram'bus le 15 juin ( 15 millions d'euros pour l'Acba) que ce vote engageait le futur EPCI. Non sans avoir dans un premier temps, lors d'une manifestation organisée par le collectif, "compris les inquiétudes". 

Bataille des législatives

Pas de quoi rassurer pour autant le maire de Tarnos qui prévoit de proposer ce mercredi en conseil municipal une délibération "de demande d'appartenance à une intercommunalité correspondant davantage aux besoins des Tarnosiens"*, soit l'adhésion de la ville à l'actuelle Acba, une demande qu'il justifie par la notion de bassin de vie. 

Interrogé sur le timing de cette demande alors que rien n'a été fait en ce sens dans les instances prévues à cet effet ( les fameuses commissions départementales de coopération intercommunale ) et qu'un référendum en 2011 avait écarté cette hypothèse, il rétorque "cela mettra tout le monde devant ses responsabilités". Puis l'édile de vanter une intervention citoyenne cruciale dans cette affaire, remarque de bon ton pour celui qui se projetterait dans la bataille des législatives l'an prochain. Et qui entretient de très mauvais relations avec la communauté de communes du Seignanx.

Si l'association de son côté reste mobilisée, Philippe Médiavilla son porte-parole précise n'avoir aucun lien avec cette délibération. "Nous ce qui nous occupe, ce sont  les transports. Point ". Une rencontre est d'ailleurs prévue à la préfecture des Landes ainsi qu'une manifestation sous le slogan "Et on va faire comment sans bus? " le 30 juin prochain à Dax.

Demande irrecevable

Martine Bisauta, élue communautaire et membre dudit syndicat dit regretter cette agitation hors de propos : "Nous n'aurions aucune raison de nous tirer une balle dans le pied. Les premiers intéressés sont d'abord l'Acba et donc la future communauté Pays Basque. Nous souhaitons que le plus de Tarnosiens possible empruntent ce tram'bus pour désengorger l'entrée de l'agglo ". 

Sans surprise, la préfecture des Pyrénées Atlantiques précise de son côté que cette demande est irrecevable jusqu'au 1er janvier 2017 dans le cadre fixé par la loi NOTRe donnant la main au Préfet pour la refonte intercommunale et qu'elle ne pourra dès lors donner lieu à une délibération à l'Acba. Une demande qui ferait pshiiiit donc mais qui ne favorise pas le climat d'apaisement nécessaire à la construction d'une intercommunalité au service de l'intérêt général. 

* "Le conseil municipal est appelé à demander aux Préfets des Landes et des Pyrénées Atlantiques, l'application de la loi NOTRe, fondée sur les bassins de vie, et donc, pour Tarnos, sur le territoire de l'agglomération bayonnaise et du SCOT, à exprimer sa volonté que Tarnos puisse appartenir à une intercommunalité correspondant davantage aux attentes des Tarnosiens, à solliciter le Conseil d'Agglomération Côte Basque-Adour (ACBA) pour sa demande d'adhésion et à solliciter l'avis du Conseil Communautaire de la Communauté des communes Marenne Adour Côte Sud (MACS) sur l'intérêt que pourrait représenter pour les Communauté de communes du Seignanx et de MACS une fusion entre elles."