Justine Giraudel

Une utilité publique contestée

Accélérateur de croissance pour les uns, aberration économique et écologique pour les autres, le Grand Projet Sud-Ouest a été déclaré d'utilité publique par décret du Journal Officiel, dimanche 5 juin. 

Au Pays Basque Nord et Sud, élus, citoyens et associations sont nombreux à se mobiliser contre la LGV et le GPSO. © Bob EDME
Au Pays Basque Nord et Sud, élus, citoyens et associations sont nombreux à se mobiliser contre la LGV et le GPSO. © Bob EDME

L'annonce était attendue, tant par ses détracteurs que par ses partisans : le Grand Projet Sud-Ouest (GPSO) a été déclaré d'utilité publique par le gouvernement, ce dimanche 5 juin. Une nouvelle saluée par les Conseils régionaux d'Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et de Languedoc Roussillon Midi-Pyrénées. Et fustigée par le Collectif des associations de défense de l'environnement, dont le président, Victor Pachon, annonce l'ouverture de la bataille juridique.

Malgré une série de rapports prônant la rénovation de l'existant et l'avis négatif de la Commission d'enquête publique, le Conseil d’État a donc signé sans grande surprise la déclaration d'utilité publique (DUP) de la LGV Bordeaux-Toulouse-Dax. 

Dans un communiqué, Carole Delga, présidente de la Région Languedoc Roussillon Midi-Pyrénées, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et Christian Broucaret, président de la représentation Aquitaine Limousin Poitou-Charentes de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports se sont félicités de la nouvelle, soulignant un "accélérateur de croissance" et un "intérêt socio-économique évident" pour le grand quart sud-ouest. 

En ligne de mire : le renforcement des relations avec l’État espagnol. Un travail tout de même projectif, au vu des dates confirmées déjà maintes fois : "Nous demeurons déterminés à tout mettre en œuvre afin que les délais de mise en service prévus pour les sections Bordeaux-Toulouse en 2024, Bordeaux-Dax en 2027 et Dax-Espagne en 2032 soient respectés."

Et une gageure dont le financement reste à anticiper : "Il appartient à l'Etat et à l'Europe, à travers le grand emprunt, le Plan Junker ou toute autre solution innovante d'assurer le financement d'un équipement public fait pour traverser les siècles", conclut le communiqué.

De l'autre côté de la barrière, le discours est a rebours. Selon le CADE, le gouvernement aurait "cédé au lobbying forcené de quelques grands élus d'Aquitaine". Le collectif dénonce tant le projet "inutile et ruineux" de SNCF Réseau, que sa méthode, comme l'application d'une instruction obsolète selon lui : "Pour [le] rendre présentable, il a fallu surestimer les gains de temps et les trafics voyageurs et s'adonner à quelques articfices."

"Un déni de démocratie"

Face à un financement flou, les militants s'inquiètent d'un grand emprunt, de l'élévation du coût et dénoncent un déni démocratique. Mais le combat ne s'arrêtera pas à la seule indignation sociale, il empruntera la voie juridique et les militants sont armés, assure Victor Pachon.

"Nous avons déjà trois recours prêts, et nos argument le sont tout autant." Ils devraient être déposés, dans un délai de deux mois, par des associations du Lot-et-Garonne, de la Gironde et des Landes, devant la section contentieux du Conseil d’État.

Accompagnés par l'avocat de l'association les Amis de la Terre, "nous avons mené un gros travail, dont nous ne dévoilons pas encore le contenu", assure-t-il. "La guerre continue".

Sur le même registre, le député de la neuvième circonscription de Gironde, Gilles Savary, s'est lui aussi fendu d'un communiqué pour dénoncer une "déclaration d'utilité politique" faisant fi des usagers quotidiens des chemins de fer. 

Au-delà du GPSO, le socialiste a insisté sur le cynisme de l'usage actuel des enquête publiques "auxquelles l'Etat ne se réfère que tant qu'elles ne contredisent pas des décisions irrévocables", alimentant, selon lui, le scepticisme démocratique.