Bénédicte Saint-André

Le baromètre de l'accessibilité 2016

Le collectif Handi 64 a rendu son baromètre de l'accessibilité 2016. Outre distinguer les bons et les mauvais élèves, le but, à terme, est d'offrir à tous la possibilité de vivre sa Ville.

Pour le collectif, " une société qui met au rebut une partie de la population ne remplit pas son rôle". © Isabelle Miquelestorena
Pour le collectif, " une société qui met au rebut une partie de la population ne remplit pas son rôle". © Isabelle Miquelestorena

Traverser au passage clouté, se rendre à la bibliothèque, s'informer sur le site internet de la commune, ces tâches on ne peut plus banales relèvent pour une frange de la population du parcours du combattant. La loi Handicap 2005 avait promis d'y mettre un terme au 1 er janvier 2015 mais les objectifs sont encore loin d'être atteints. Et c'est cette réalité crue qui se cache une nouvelle fois derrière le baromètre de l'accessibilité 2016.

Ce classement émane des questions, précises et circonstanciées, posées par le collectif Handi 64 aux communes du département de plus de 5000 habitants, ayant de ce fait l'obligation légale de mettre en place une Commission accessibilité. Le trio de tête est cette année composé d'Anglet, Saint-Jean de Luz et Ciboure, alors que Jurançon, Gan et Hendaye ferment le classement. "Les Basques sont meilleurs que les Béarnais", pointe Henri Lavallé d'AFM Téléthon.

Cet état des lieux repose néanmoins sur du déclaratif, un écueil pour le collectif qui fut confronté l'an passé à des réponses parfois données à l'emporte-pièce. Handi 64 souligne également qu'en 2016 les budgets ont surtout été consacrés aux AD'AP, agendas d'accessibilité programmée, outil prévoyant la mise en œuvre dans les trois, six ou neuf ans des objectifs de la loi 2005. Au final, "nous devrons attendre 2017 et 2018 pour observer des réalisations concrètes ", explique Pascal Andiarzabal d'AVH.

"Nous sommes allés sur la lune avant que les handicapés puissent aller à la plage"

L'autre leçon à tirer de ce baromètre est l'écart de traitement entre handicaps moteurs et sensoriels. Et pourtant, la prise en compte des handicaps visuels ou auditifs, feux sonores, boucles magnétiques, logiciels adaptés coûte moins cher aux collectivités que des travaux de voierie imposés par le passage des fauteuils. Un paradoxe que le collectif, qui milite pour l'accessibilité de tous, souhaite voir lever.

Mais si le chemin est encore long, l'état d'esprit se veut positif. "Nous constatons  une volonté de la part des communes d'entrer dans cette démarche". Et l'été approchant, Brigitte Espi Berckmans d'Handiplage invite les personnes handicapées à se mettre à l'eau. Le dispositif, lancé en 1997, ne cesse de prendre de l'ampleur. "Nous sommes allés sur la lune avant que les handicapés puissent aller à la plage mais nous rattraperons notre retard", conclut-elle.