Argitxu Dufau

Après la mobilisation, la satisfaction

La demande de libération conditionnelle de la détenue basque malade, Lorentxa Guimon, a été soutenue par des acteurs politiques et la société civile du Pays Basque Nord mais aussi du Pays Basque Sud et de Bretagne. Ces derniers sont satifaits de sa libération prochaine et d'une mobilisation qui a su porter ses fruits.

Une manifestation avait rassemblé 500 personnes à Rennes. © G.R
Une manifestation avait rassemblé 500 personnes à Rennes. © G.R

Le cas de Lorentxa Guimon a mobilisé en Pays Basque Nord... et bien au-delà. Au moment où la décision a été rendue publique, société civile et acteurs politiques du Pays Basque n'ont pas caché leur soulagement. Ils ont aussi rappelé que le combat n'est pas terminé. Ce sentiment est partagé par d'autres personnes engagées dans la mobilisation pour exiger la libération de la détenue basque gravement malade.

Dans un courrier, Yves Morice, du syndicat SUD Santé Sociaux, avait alerté la directrice du CHU de Rennes sur la situation de Lorentxa Guimon. "Je ne peux que me réjouir si sa situation sanitaire et humaine a été prise en compte. Le prise en compte de cas particuliers doit être la règle si l'on porte le débat au niveau collectif", a expliqué le secrétaire de section.

Gaël Roblin, militant pour "la Bretagne libre", s'était engagé dans le comité de soutien breton pour Lorentxa Guimon : "je suis heureux de cette victoire humanitaire et politique. Des personnes de sensibilités différentes se sont engagées", déclare-t-il. Il précise que "la victoire a un goût amer" car, selon lui, du temps a été perdu par l'appel du procureur, ce qui représente "un gâchis humain pour elle et sa famille". Pour G. Roblin, ce comité de soutien a permis à la population et à la classe politique de prendre conscience d'une réalité, au-delà du cas particulier de L. Guimon: celle du Pays Basque.

Le député régionaliste breton Paul Molac avait rendu visite à Lorentxa Guimon, aux côtés de la députée socialiste Sylviane Alaux. "C'est une bonne chose. L'univers carcéral n'est pas le meilleur hôpital ni lieu de convalescence. Le parquet avait fait appel ,comme souvent dans les affaires de ‘terrorisme’, mais il faut différencier ce qui est de l'ordre du passé et du présent. Pour régler la question basque, il faut des marques de bonnes volonté des deux côtés. La société basque l'a montré mais pas le gouvernement espagnol", a réagi le député.

Une solidarité "naturelle et logique"

La solidarité bretonne est loin d'être une surprise pour lui : "c'est une solidarité entre deux peuples. Nous aussi nous avons eu des prisonniers politiques, nous comprenons cette situation". Nil Caouissin, porte-parole de l'Union Démocratique Bretonne, qualifie cette solidarité de "naturelle et logique". "L'Etat français ne traite pas toujours de manière correcte les militants", développe-t-il. Pour lui, la gauche en général a refusé de voir "une détenue mourir à petit feu". Il estime que la fin de la lutte armée a facilité la communication et la mobilisation autour de Lorentxa Guimon.

Pour Jean-Marie Goater, d'Europe Ecologie les Verts (EELV) et adjoint à la maire de Rennes, sa libération prochaine est le fruit, en partie, de la mobilisation. Ce qui le satisfait. "Cette mobilisation a aussi permis de médiatiser sa situation, le résultat est positif".

Au Pays Basque Sud, Teresa Toda, du mouvement pour la défense des détenus basques Sare, espère "qu'il s'agit d'un précédent pour les autres détenus basques malades". Elle a déclaré que "l'application des droits ne devrait pas être une nouvelle". Sare entend "fermer les portes à la souffrance le plus tôt possible, et ouvrir celles de la résolution et du vivre-ensemble que mérite ce peuple".

Lorentxa Guimon sera libérée la semaine prochaine. Elle pourra bénéficier d'un suivi médical adapté à sa lourde maladie. A ce jour, dix détenus basques malades dorment dans des prisons françaises et espagnoles. Certains dans un état de santé très préoccupant.