Justine Giraudel

Les Basques ont rendez-vous pour réclamer "un statut pour nos langues, un statut pour nos pays"

Samedi 24 octobre, la manifestation Deiadar va parcourir les rues de Bayonne, réclamant "un statut pour nos pays, un statut pour nos langues". Elle ouvrira aussi la campagne de sensibilisation de Batera pour une communauté unique au Pays Basque.

Euskal Konfederazioa et Batera revendiquent de longue date la co-officialisation de la langue basque. © Isabelle Miquelestorena
Euskal Konfederazioa et Batera revendiquent de longue date la co-officialisation de la langue basque. © Isabelle Miquelestorena

Le rendez-vous est prévu de longue date : Euskal Konfederazioa appelle les habitants du Pays Basque à se rassembler samedi 24 octobre à Bayonne. La manifestation Deiadar se déroulera simultanément en Occitanie, en Bretagne, en Alsace et en Corse et réclamera "un statut pour nos langues, un statut pour nos pays". La revendication intervient dans le cadre de la réforme territoriale, à l'heure où le Pays Basque se trouve à un "carrefour" pour sa reconnaissance institutionnelle.

Sébastien Castet, salarié d'Euskal Konfederazioa, rappelle que cette manifestation est la troisième menée en coordination : pour lutter contre des "blocages communs", les différents territoires défileront sour le même slogan. Chacun déclinera ensuite son action selon ses propres réalités. L'affiche arbore une urne, dans laquelle est inséré un bulletin "bai" ("oui", en euskara). Au Pays Basque Nord, ce vote ne fait pas référence aux élections régionales de décembre prochain mais bien au processus en cours pour la création d'une intercommunalité unique.

Une réforme territoriale sur laquelle "les citoyens n'ont pas pu s'exprimer", ajoute le militant. A défaut d'urnes, il pourront donner leur voix dans la rue. "Tant que le Pays Basque Nord ne se dotera pas d'un cadre institutionnel pour gérer sa politique linguistique de A à Z, les blocages persisteront". L'avenir de la langue basque reposerait donc sur l'avenir institutionnel. Le 24 octobre sera ainsi le premier évènement de la campagne de sensibilisation menée par Batera.

"Nous sommes à la veille de changements majeurs, (...) nous devons gagner ce qui peut être gagné", indique Nikolas Blain. Le porte-parole de la plateforme citoyenne rappelle le processus actuellement à l'oeuvre dans les 158 communes du Pays Basque : samedi 26 septembre s'ouvrira une phase de consultation des conseils municipaux, qui exprimeront début 2016 un avis consultatif sur leur regroupement en une intercommunalité unique. Le vote définitif est prévu au printemps prochain. Il va falloir convaincre.

Sortir du débat d'initiés

"La mobilisation du 24 octobre sera déterminante pour créer une ambiance favorable afin d'impliquer les élus locaux". L'idée est de sortir "du débat d'initiés". "Certains élus n'ont pas encore réalisé qu'ils feraient partie du processus de décision". Le sort de l'intercommunalité unique sera bel et bien scellé par les 158 conseils municipaux. Il requiert l'accord de la moitié des communes, représentant la moitié de la population. Samedi 26 septembre, les maires sont conviés à l'assemblée générale du Conseil des élus où les experts juristes leur présenteront le travail effectué jusqu'à ce jour.

"La question est vitale pour le Pays Basque" insiste Nikolas Blain. "Veut-on se regrouper en une seule communauté, ou être divisé en trois ou quatre intercommunalités ?". Car, quoiqu'il advienne, la réforme institutionnelle fera évoluer le paysage institutionnel. Dès janvier 2016, la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes représentera 6 millions d'habitants : "Une intercommunalité unique au Pays Basque nous permettrait de peser au sein de cette macrorégion, faisant de nous la deuxième plus importante après Bordeaux."

Jeudi 17 septembre, une première réunion de travail a réuni 80 personnes à Hasparren, venues de tout le Pays Basque Nord, pour organiser la caravane Batera qui partira à la rencontre des habitants et des élus. Les groupes locaux s'organisent et proposent un calendrier de réunions. Une participation au financement de cette campagne est ouverte (10 000 euros).