Justine Giraudel

Anglet garde le contrôle du Quintaou

Le maire d'Anglet en avait fait un argument de campagne, il l'a finalement suspendu : la gestion du Théâtre Quintaou ne sera pas confiée à la Scène nationale du Sud-Aquitain. Une nouvelle dont se félicite l'ancien premier adjoint, actuellement élu d'opposition, Guy Mondorge.

Mercredi 26 août, élus et direction ont insisté sur la perspective communautaire de la Scène nationale du Sud-Aquitain. © Scène nationale
Mercredi 26 août, élus et direction ont insisté sur la perspective communautaire de la Scène nationale du Sud-Aquitain. © Scène nationale

Claude Olive en avait fait un argument de campagne municipale : à l'image du théâtre de Bayonne, et par souci d'économies sur le budget municipal, il souhaitait confier la gestion du Quintaou à la Scène nationale du Sud-Aquitain. Il a finalement suspendu sa promesse. Une bonne nouvelle pour Guy Mondorge, ancien premier adjoint, actuellement élu d'opposition, pour qui le fonctionnement de la Scène nationale, tel qu'il est pensé aujourd'hui, ne permet pas aux villes de s'impliquer dans la définition d'une politique culturelle de territoire.

Mercredi 26 août, élus locaux, direction et présidence de la Scène nationale étaient réunis pour présenter la programmation 2015/2016. Tous se sont félicité de la vision communautaire de cet outil, dont le champ d'action s'étend sur les communes de Bayonne, Boucau, Saint-Jean-de-Luz et, depuis la saison précédente, Anglet. Cette perspective serait appuyée par le ministère de la Culture : dans un rapport de décembre 2014, il pousserait les scènes nationales à muter en "établissements publics de coopération culturelle" (EPCC).

Cette raison a, entre autres, fait fléchir le maire d'Anglet. "Je laisse les choses se mettre en place, a-t-il déclaré, puis je reviendrai voir comment nous continuerons à travailler ensemble." La saison précédente, 28 000 spectateurs y ont été accueillis dans le cadre de la programmation de la Scène nationale, 32 000 pour celle de la Ville. Une preuve de la réussite de l'implantation de la salle dans le paysage culturel local, a-t-il souligné, louant le succès de cette collaboration.

Avec une capacité de 800 places (dans la grande salle) et de 250 places (dans la petite), le théâtre de Quintaou a en effet de quoi séduire la Scène nationale. Elle y a d'ores et déjà programmé vingt-quatre spectacles, un chiffre similaire à celui du théâtre de Bayonne (dont elle est gestionnaire depuis vingt-cinq ans).

La question d’une politique culturelle communautaire

La répartition se ferait en fonction des capacités de chaque salle, assure son directeur Dominique Burucoa. Et ne répondrait pas à des "calculs arithmétiques". Pour Guy Mondorge (ancien vice-président du Conseil général, délégué à la Culture - il siégeait à son conseil administration), elle serait cependant bien liée à une stratégie "tout à fait légitime" de la part de la Scène nationale. Mais il regrette que "personne n'[ait] imposé à la Scène nationale un équilibre des genres à Anglet". Si à l'avenir elle devait prendre la forme d'un EPCC "les villes [seraient] alors parties prenantes de la décision de programmation", ce qui ne serait pas le cas aujourd'hui.

"Ce sera complètement différent. On pourra alors parler d'une culture d'agglomération. Mais il faudra que cette culture ne soit pas uniquement distribuée en fonction de la capacité d'accueil des salles, de leur bonne acoustique… Elle devra aussi être travaillée avec la proximité. Pourquoi les Angloys seraient obligés d'aller à Saint-Jean-de-Luz pour du flamenco, ou à Bayonne pour du théâtre ?"

Le choix d'un EPCC ne serait pas anodin pour une agglomération qui résiste à faire de la culture une compétence communautaire. Une figure d'exception au Pays Basque où, sur les dix communautés de communes ou d'agglomération, huit l'ont déjà adopté. Mercredi 26 août, à propos des déplacements du public dans les différentes salles programmées par la Scène nationale, Yves Ugalde, adjoint à la Culture bayonnais, a souligné "l'évidence d'un phénomène qui s'installe. Les chauvinismes sont battus en brèche. (…) La culture envoie des signaux que d'autres secteurs ont du mal à émettre".