Kattin Chilibolost

La modernisation de l'agriculture au tribunal

Mercredi, des militants de la Confédération Paysanne seront au tribunal pour le sabotage de la ferme des 1 000 vaches.

La Confédération paysanne dénonce l'industrialisation de l'agriculture et prône une agriculture paysanne.
La Confédération paysanne dénonce l'industrialisation de l'agriculture et prône une agriculture paysanne.

Le mercredi 17 juin, le tribunal d'Amiens rendra son jugement après le recours déposé par la Confédération Paysanne. Neuf militants seront à la barre pour une action syndicale menée contre le projet des 1 000 vaches. La Confédération Paysanne a appelé à un rassemblement général, en soutien aux inculpés.

Le syndicat Euskal Laborarien Batasuna (ELB) relaie l'appel. Il organise le co-voiturage et la réservation de bus pour Amiens. Le mouvement Bizi ! en fait de même, et lance un appel à participer et à soutenir les militants de la Confédération Paysanne.

Le 12 septembre 2013, puis le 28 mai 2014, des militants de la Confédération Paysanne investissaient le chantier d'une ferme de 1 000 vaches dans la Somme. Ils y avaient démonté la salle de traite et dévissé des écrous.

Le 28 octobre 2014, neufs syndicalistes poursuivis pour dégradation en réunion et refus de prélèvement d'ADN étaient appelés en justice. Ils risquent jusqu'à 5 mois de prison avec sursis.

Procès de l'industrialisation de l'agriculture et du Tafta

Le porte parole de la Confédération Paysanne, Laurent Pinatel, explique qu'ils feront du jugement du 17 juin le procès de l'industrialisation de l'agriculture et de l'accord de libre échange Tafta. Les syndicalistes revendiquent le fait d'avoir agi "pour l'avenir de tous, contre la disparition des paysans, contre la précarisation générale, contre la destruction de l'environnement et contre la dégradation de notre alimentation". La journée du 17 juin sera l'occasion d'affirmer que paysans et citoyens refusent la dérive industrielle de l'agriculture et ces atteintes aux libertés syndicales (selon l'hebdomadaire Laborari).

Qu'est-ce qu'une ferme de 1 000 vaches ?

"Une ferme de 1 000 vaches, c'est l'équivalent de 30 fermes moyennes. C'est le système américain, qu'on veut nous vendre dans le cadre des accords de libre échange", d'explique Laurent Pinatel dans Laborari. Une telle ferme ne se résume pas à la production de lait. Elle se consacre aussi à la production de méthane. Pour cela, la ferme s'équipe d'un méthaniseur qui recycle les déchets de la ferme. Il se nourrit d'un cocktail d'herbe, de résidus de céréales et de bouse. Le méthane obtenu est ensuite utilisé pour produire de l'électricité. Le lait des 1 000 vaches est vendu à prix dérisoire, puisque dans cette ferme, cette production n'est pas prioritaire.

Le promoteur de la ferme des 1 000 vaches, contre laquelle se sont mobilisés les syndicalistes, est Michel Ramery. Cet homme serait aujourdhui à la tête d'un groupe de 550 millions de chiffre d'affaire, qui emploie 3 715 salariés selon un article du Figaro. La magazine Challenges le situerait au 387e rang des plus grosses fortunes françaises. En 2009, en pleine crise du lait, M. Ramery se serait associé avec deux grandes filiales laitières pour créer la société civile Lait Pis Carde. Pour ce projet de la ferme des 1 000 vaches, il aurait assuré son marché auprès de la société Senoble, qui se serait engagée à lui acheter le lait.

Entre les partisants au projet, moins nombreux que les opposants, figurerait la FNSEA. "Ce n'est pas un modèle que je prône, mais si cela fonctionne et crée de l'emploi et de l'activité animale dans un département en perte de vitesse alors j'y suis favorable", affirme le président de la FDSEA du Finistère dans le journal le Figaro.