Kattin Chilibolost

Le directeur académique toujours hostile aux classes uniques

Le Directeur académique, Pierre Barrière réaffirme son refus de dérogation pour l'inscription des enfants de moins de cinq ans en classe unique. Il entend répondre à la problématique de l'éducation en zone rurale par la création de RPI.

Pierre Barrière restera "ferme quant à la qualité d'enseignement" (Isabelle Miquelestorena)
Pierre Barrière restera "ferme quant à la qualité d'enseignement" (Isabelle Miquelestorena)

L'avenir des petites écoles rurales est sujet à préoccupations. Le Directeur académique Pierre Barrière a exprimé son engagement pour une "qualité d'enseignement", et ne se sent pas inquiété par les protestations des petites écoles rurales, regroupées aujourd'hui dans l'Association des écoles rurales et publiques, l'Aderp. Cette dernière a dénoncé récemment la volonté de la direction académique de "vouloir faire des économies sur le dos des enfants” et envisage de porter en justice le refus de dérogation pour l'inscription d'enfants de moins de cinq ans en classe unique.

En signe de protestation, des écoles membres de l'Aderp, dont l'école de Monein (Béarn) avaient par ailleurs mis en vente leur local sur Le Bon Coin, en joignant à l'annonce le numéro de téléphone de la Dasen (Direction académique des services de l'Education nationale). Ces "gamineries" n'ont pas plu à cette dernière, qui a déposé une plainte pour "usurpation d'identité" à l'encontre de l'association.

Pierre Barrière ne reconnaît pas de légitimité aux protestations des petites écoles, et dit "les attendre au tribunal". Il reste confiant. La Dasen ne transgresserait, selon lui, aucune loi en refusant les dérogations. Pourtant, le Conseil d'Etat vient de condamner l'Education nationale pour avoir refusé d'inscrire des enfants en classe unique dans l'académie de Marseille.

"Dans le cas de Moriez et Montfuron, l'académie de Marseille s'était appuyée sur un principe illégal selon lequel l'enseignement public n'autorisait pas l'apprentissage en classe unique", explique P. Barrière. Ce ne serait pas le cas de l'académie de Bordeaux puisqu'il n'accorderait des dérogations qu'à ceux "qui le méritent véritablement". Et de donner l'exemple de Larrau, qui n'avait pas d'autre école à proximité, et donc pas la possibilité de former de RPI (regroupement pédagogique intercommunal).

RPI et "qualité de scolarisation"



"On se préoccupe d'organiser et ne pas oublier la qualité de la scolarisation, ce sur quoi nous resterons fermes", explique P. Barrière, pour qui la classe unique serait contraire à des conditions dignes d'éducation. Quant à la question de la survie des écoles de village, la volonté des parents et des communes serait décisive.

L'Education nationale propose la création de RPI pour "le maintien d'une éducation de proximité et de qualité". Le regroupement d'élèves du même âge serait la condition pour assurer la qualité de l'apprentissage et stimulerait la motivation des enfants de zone rurale, "qui souvent n'ont pas de très grandes ambitions", selon P. Barrière.

Cependant, la création de RPI nécessite l'accord préalable des communes concernées. Se référant à Banca et à Urepel, P. Barrière estime qu'il existe dans ces deux cas "une dynamique de progrès, puisqu'elles réfléchissent à la formation d'une RPI". D'autres, en revanche, ne voient pas de création de RPI d'ici la rentrée 2015. C'est le cas par exemple d'Ayherre qui voulait se regrouper avec Isturits et Hélette, pour qui l'espoir reposerait sur l'avis d'Irissarry.

La commune d'Isturits, "n'y pense pas encore". Le maire du village, J.M Donapetry, voit dans la formation d'un RPI la désertification de son école : "avec un RPI, il y a une école dans une commune, mais dans tous les autres villages il n'y en a pas". Cela demanderait par ailleurs toute une nouvelle logistique (transports, cantine...) qui ne serait pas prévisible d'ici la rentrée 2015. Dans le même cas, il semble qu'Irissarry voudrait bien d'un RPI à condition que tous les villages se retrouvent dans sa commune.

"Manque de volonté"

Pour le directeur académique, "il ne s'agit pas de forcer, mais d'accompagner" le processus de formation de RPI. En revanche, il ne favoriserait en aucun cas les communes ou les parents faisant preuve de "manque de volonté".

"Si on avait été dans une autre position, en baisse d'effectifs, ça nous aurait peut-être changé les choses, mais nous sommes dans le cas contraire", explique J.M Donapetry. Ce dernier reste ouvert à la discussion, sans pour autant voir d'intérêt particulier au projet.