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Bruxelles : des voix pour la libération des détenus basques

Une vingtaine de personnalités internationalement reconnues ont présenté ce 24 mars une campagne pour la libération d’Arnaldo Otegi et des détenus basques.

Fermin Muguruza, Martina Anderson (Sinn Féin) et Brian Currin (Afrique du Sud) ont présenté l'initiative. (@zalduariz)
Fermin Muguruza, Martina Anderson (Sinn Féin) et Brian Currin (Afrique du Sud) ont présenté l'initiative. (@zalduariz)

En 2010, des personnalités de plusieurs pays signaient la Déclaration de Bruxelles. Elles demandaient l’ouverture d’un processus de résolution du conflit basque. Cinq ans plus tard, la question revient au Parlement européen. Une campagne de sensibilisation internationale y a été présentée, ce mardi 24 mars, pour la libération du leader de la gauche abertzale Arnaldo Otegi et le retour des détenus basques chez eux. Elle est portée par 24 personnalités reconnues au niveau international.

"Liberté pour Arnaldo Otegi, retour des prisonniers basques", tel est le slogan de la campagne soutenue par l’ancien président d’Uruguay José "Pepe" Mujica, la philosophe et activiste Angela Davis et l’ancien député travailliste et charismatique maire de Londres, Ken Livingstone. D’autres anciens chefs d’Etat ont également signé cette déclaration, notamment ceux du Paraguay et du Honduras, respectivement Fernando Lugo et José Manuel Zelaya. L’archevêque d’Afrique du Sud et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, l’activiste kurde Leyla Zana, la fondatrice des Mères de la Place de Mai (Argentine) et la philosophe Slavoj Zizek se sont joints à eux.

Le texte, lu par le chanteur basque Fermin Muguruza, en présence de Frieda Brepoels (membre du Friendship) et de Brian Currin (avocat Sud-Africain), demande "la libération immédiate de l’homme qui a pris des risques pour la paix et la démocratie", faisant référence à Arnaldo Otegi, puis "la fin de la politique de dispersion, première étape vers la libération rapide des détenus basques". Les signataires considèrent que ce sont "des pas indispensables pour obtenir une paix juste et durable".

Le texte rappelle qu’il y a cinq ans, "le mouvement indépendantiste basque avait ouvert un débat sans précédent qui s’était conclu par un engagement clair pour la voie exclusivement pacifique et démocratique". Ce changement de cap avait été suivi de faits, avec la Déclaration de Aiete (2011) et l’arrêt définitif de l’activité armée d’ETA.

Les signataires regrettent, cependant, que cette démarche n’ait pas eu de réponse favorable de la part de l’Etat espagnol, alors qu’ETA a prouvé ses dispositions au désarmement, au dialogue et à la réconciliation.

500 détenus

La déclaration du 24 mars explique comment Desmond Tutu avait attribué à Arnaldo Otegi "le rôle de leader de ce processus de paix", et critique le fait que son engagement n’ait reçu pour réponse que son arrestation, en octobre 2009, et sa condamnation postérieure à plus de six ans et demi de prison. Le texte rappelle les conditions difficiles dans lesquelles vivent près de 500 détenus basques : "Eparpillés dans des prisons loin du Pays Basque, souvent mis au secret, cette réalité provoque, en plus, une punition supplémentaire à leurs familles".

Lors de la présentation de la campagne, Brian Currin a pris la parole en s’adressant explicitement à l’Etat espagnol. Il a souligné qu’il restait encore deux problèmes à résoudre : "le désarmement et les détenus". Il a rappelé que pour le désarmement, l’implication des gouvernements était indispensable. Et d’ajouter : "Est-ce imaginable que le Hamas dise qu’il veut rendre les armes et qu’Israël ne veuille même pas jeter un coup d’œil ? C’est pourtant ce qui se passe au Pays Basque". Enfin, les promoteurs de la campagne appellent les institutions européennes à participer au désarmement.