Argitxu Dufau

L'opération policière suscite l'indignation au Pays Basque

Suite aux seize arrestations de ce matin, lundi 12 janvier, dont des avocats d'inculpés au macro-procès, pour le moment suspendu, contre des représentants de la gauche abertzale à Madrid, les déclarations des acteurs politiques et sociaux du Pays Basque Nord ne sont pas faites attendre. A 18h30, un rassemblement est prévu à la mairie de Bayonne.

Perquisition de cabinets d'avocats à Hernani. Argazkia: Gorka RUBIO / ARGAZKI PRESS.
Perquisition de cabinets d'avocats à Hernani. Argazkia: Gorka RUBIO / ARGAZKI PRESS.

Le tant attendu procès à l'encontre de 35 représentants de la gauche abertzale, dont Aurore Martin et Haizpea Abrisketa, est suspendu suite aux arrestations de 16 personnes ce matin par la Garde Civile epsagnole, dont des avocats du procès. Des deux côtés de la Bidasoa, les réactions ne se sont pas faites attendre.

Anaiz Funosas, au nom de Bake Bidea (mouvement civil en faveur du processus de paix au Pays Basque) a fait part de son inquiétude : "c'est une violation des droits fondamentaux contre des personnes engagées dans le processus de paix". Elle affirme que la population a montré une réelle volonté de paix ces dernières années mais Madrid voudrait qu'ils se "résignent ; il ne faut pas tomber dans ce piège".

EH Bai a rappelé les propos tenus par François Hollande : "Lors de la première conférence de presse de son mandat, François Hollande avait répondu à une question au sujet d’Aurore Martin, en disant qu’il faisait confiance à la justice espagnole". Il déplore, cependant, que l'opération de ce matin "nous montre combien il faut rester vigilants face à une justice espagnole où même un droit élémentaire, celui d’être défendu lors d’un procès peut être bafoué."

Au nom du parti politique Sortu (gauche abertzale), Jean-François Lefort "Lof" a dénoncé fermement l'opération policière et demandé la libération immédiate de l'ensemble des personnes arrêtées. "L'opération arrive dans un contexte particulier au moment où la majorité de la population veut une résolution de la question des prisonniers pour la paix", a déclaré Jean-François Lefort. Il affirme que l'heure est aujourd'hui au dialogue mais que les Etats français et espagnol s'entêtent. "Nous demandons de travailler autour d'un schéma qui amène la libération de tous les prisonniers politiques basques", a t-il poursuivi.

Les jeunes abertzale de l'organisation Aitzina ont dénoncé ces arrestations sur leur compte Twitter.

La conseillère régionale Europe-Ecologie les Verts et membre du collectif de soutien pour A. Martin et H. Abrisketa, a déclaré en son nom être choquée "qu'on puisse marcher hier à Paris pour la liberté d'expression et empêcher le Pays Basque de le faire. On est tous Charlie mais pas au Pays Basque".

La députée PS Colette Capdevielle, avocate de profession, a déclaré sur son compte Twitter : "les droits de la défense sont des droits fondamentaux en France et en Espagne" et "le libre choix de l'avocat est un droit fondamental".

D'autres avocats se sont aussi exprimés. Me Jone Goirizelaia, depuis l'Audencia Nacional de Madrid a demandé la remise en liberté immédiate des avocats détenus. L'association des avocats basques ont annoncé dans un communiqué qu'ils donneraient une conférence de presse en ce jour à 17h.

Me Xantiana Cachenaut, avocate de militants abertzale est elle aussi scandalisée par "cette violation honteuse des droits fondamentaux au lendemain de la manifestation de Bilbo et à la veille de la décision du Tribunal Suprême sur le cumul des condamnations". Elle explique que dans la situation dans laquelle se trouvent les 19 inculpés, le droit français prévoit trois possibilités : la suspension du procès, les avocats toujours présents prennent la défense des inculpés privés d'avocat ou la mise en place d'avocats commis d'office. L'inculpé n'a alors pas le droit de le refuser et l'avocat bénéficie d'une durée définie pour étudier le dossier.