Béatrice MOLLE-HARAN

En route vers Paris pour que résonne une clameur

Situations juridiques diverses et variées qui trouveront des solutions par le biais d’une volonté politique forte

En relisant l’interview de Nicole Péry, personnage politique majeure des années 80, 90, 2000, on mesure le chemin parcouru sur ce territoire. Chemin semé d’embûches, de fulgurances, d’intolérance, de militantisme aussi. Et du nécessaire engagement pour la construction de la paix qui n’est pas aboutie même si le désarmement total de l’organisation ETA a eu lieu le 8 avril à Bayonne.

Il faudra en finir avec les diktats, les idées reçues, la méfiance devant certains nouveaux convertis, bref se débarrasser de la morgue que peut donner un engagement de longue date. Car la paix, répétons le inlassablement, est l’affaire de toutes et de tous et nous devons défendre urgemment dans un premier temps le droit des prisonniers à être rapprochés de leur lieu de résidence habituel et la libération de ceux et celles gravement atteints de graves pathologies.

Notre dossier (p. 8) aborde les aspects juridiques et techniques relatifs à la situation des militants basques incarcérés dans les prisons de l’Etat français. Situations juridiques diverses et variées qui trouveront des solutions par le biais d’une volonté politique forte, tant l’application stricte du droit ne semble pas appropriée dans cette volonté d’apaisement et de recherche de consensus.

Pour celles et ceux intéressés par la construction de la paix il est judicieux de lire ou relire l’ouvrage de l’homme des accords de Matignon, Michel Rocard et Janine Garrisson L’Art de la paix énonçant les cinq principes qui devraient régir tout réglement de conflit selon lui : vouloir la paix, briser le tabou, négocier, équilibrer, fonder. Des principes avec comme valeur cardinale la recherche du compromis. Michel Rocard insiste dans son ouvrage sur “le souci d’inclure dans la négociation les changements des règles de droit nécessaires pour que l’équilibre prévu par l’accord ne puisse être mis en cause dans l’avenir”

Une recommandation qui devrait s’appliquer aux prisonniers basques tant la nouvelle législation antiterroriste concernant notamment l’obtention de libertés conditionnelles semble compromise. Aucune situation n’est semblable à une autre mais une fois que les armes se sont tues la responsabilité d’agir se doit d’être prégnante.

C’est le sens de l’appel au rassemblement de Paris le prochain 9 décembre semblant s’annoncer pluriel et divers car alimenté par plusieurs appels émanant d’acteurs politiques et de membres de la société civile. Avec espérons le, la concrétisation de mesures allant dans le sens de la flexibilité concernant la situation des prisonniers. Flexibilité, tolérance, voire pardon pour les victimes des deux camps et réflexion à mener sans tabous pour préparer l’avenir. “Le pardon est certainement l’une des plus grandes facultés humaines et peut-être la plus audacieuse des actions, dans la mesure où elle tente l’impossible à savoir défaire ce qui a été fait et réussit à inaugurer un nouveau commencement là où tout semblait avoir pris fin”, expliquait la philosophe Hannah Arendt. A méditer.

Honi buruzko guztia: edito