Chloé REBILLARD

El silencio de los fusiles, comment faire taire les armes ?

Au festival Biarritz Amérique latine, la journée du mardi était centrée sur le processus de paix colombien. Avec notamment la projection du documentaire de la journaliste Natalia Orozco "El silencio de los fusiles" qui revient sur les quatre années de négociations entre les Farcs et le gouvernement colombien. L’occasion d’offrir un miroir au processus basque. 

Les victimes n'ont pas été seulement spectatrices du processus de paix colombien, elles ont été également des acteurs.
Les victimes n'ont pas été seulement spectatrices du processus de paix colombien, elles ont été également des acteurs.

Les contextes, qu’ils soient politiques, militaires ou culturels, divergent fortement entre le Pays Basque et la Colombie. Et pourtant, un langage universel, celui de la paix, est venu s’imposer au Casino de Biarritz pour la deuxième journée du festival. 

Au coeur de cette journée, le documentaire de la journaliste Natalia Orozco "El silencio de los fusiles", qui revient sur les quatre années de négociations entre les Farcs et le gouvernement colombien. Ce film riche présente le chemin tortueux qu’il a fallu suivre pour aboutir à la signature d’un accord de paix. Entre 2012, année de l’élection de Juan Manuel Santos à la tête de l’Etat colombien, et 2016, les Farcs et le gouvernement ont réalisé un énorme travail de négociation à la Havane pour en terminer avec le conflit armé qui ravageait le pays depuis plus de cinquante ans. 

Le documentaire suit au plus près les différents protagonistes de la négociation, alternant interviews des principaux partis pris et des images prises à la Havane ou dans la jungle colombienne. La journaliste salue dans son travail les efforts des deux côtés car son film laisse apparaître que faire la paix est bien plus compliqué que faire la guerre.

Des nuances

Le propos du film est nuancé, montrant aussi les limites du processus. La citation d’un des commandants des Farcs en témoigne : "Je ne serai jamais d’accord avec lui (un commandant de l’armée, ndlr.), ni lui avec moi, mais lorsque l’on se pose à une table pour parler, on sait qu’il s’agit d’un être humain." La dernière phrase qui clôt le documentaire, prononcée par la journaliste Natalia Orozco elle-même est sans naïveté : "Le chemin de la paix ne sera jamais complètement gagné." 

Néanmoins, le documentaire présente un processus hors-norme où chaque protagoniste bataille pour chaque concession. Une phrase du président colombien résume bien cette tension permanente : "Où faut-il tracer la ligne entre justice et paix ?" Les sujets sensibles ont tous été mis sur la table. La question de propriété des terres tout d’abord, l’un des principaux terreaux du conflit colombien. Celui de la question de la justice et des réparations dues aux victimes ensuite, qui ont été pleinement intégrées au processus. Le gouvernement colombien a accepté la reconnaissance de toutes les victimes, incluant de fait celle des Farcs mais aussi celles des milices paramilitaires et celles de l’armée colombienne. 

Une opposition forte

Les oppositions au processus de paix étaient également fortes. Le président Juan Manuel Santos déclare : "Les élites n’ont pas soutenu ce que je faisais. Ils sont myopes et égoïstes. Je suis pour ainsi dire né au Country Club. Ils n’ont pas compris que je faisais cela pour sauver le Country Club."    

Le film offre à la fois un message d’espoir et montre que le chemin pour parvenir à un accord de paix est long, qu’il faut prendre le temps. Miroir déformant de ce qu’il se passe au Pays Basque, il offre néanmoins des pistes pour le processus dans lequel la société civile basque a choisi de s’engager. 


El Silencio de los Fusiles - Trailer Esp from Natalia Orozco on Vimeo.